Cassandre

Cassandre est la fille aînée de Priam et d’Hécube. Elle était d’une grande beauté au point qu’Apollon lui-même en tomba amoureux. Elle se refusa à lui et pour la punir de son refus, Apollon lui donna le don de prophétie, mais de ne jamais être crue par son entourage.

          

V12ITG-6030 musée national fresques mycéennesPhoto Michel ledeuil : musée archéologique d'Athènes

 

Ses origines

Cassandre est la fille aînée de Priam et d’Hécube. Elle est donc la sœur d’Hector, de Pâris et Troïlos, d’Hélénos ainsi que de Polyxène.

Homère dans l’Iliade (chant XIII et XIV) et dans l’Odyssée (chant XI) nous la présente comme une femme d’une grande beauté qui aurait eu de nombreux soupirants. Il ne fait pas mention de ses dons de prophétie.  

 

La Phrygie, qui contrôle les Dardanelles et le Bosphore, a besoin d’alliés alors que la montée en puissance des Grecs se fait jour et Priam propose sa fille à des nombreux princes étrangers à la condition que ceux-ci viennent au secours de Troie si la cité était attaquée.

 

La prêtresse du temple d’Apollon

Cassandre refusa plusieurs prétendants et devint bientôt la prêtresse du temple d’Apollon, ce qui était sans doute considéré par elle comme une récompense de son père.
Le mythe nous raconte que le Dieu n’était pas insensible à cette jeune femme qui venait lui faire des offrandes pour l’honorer. Il en tomba amoureux et lui proposa de s’unir en secret.  


Cassandre, après avoir accepté, se refusa finalement à lui. Apollon, courroucé décida de la punir en lui donnant le don de prophétie mais en faisant en sorte qu’elle ne fût jamais crue par son entourage.  


Elle prédit ainsi à Hécube qu’un de ses fils provoquera la perte de Troie. Lorsque Pâris se vante d’avoir enlevé Hélène, la reine de Sparte, Cassandre y voit le mauvais présage attendu mais au lieu d’en tenir compte, les poètes et les nobles troyens pérorent sur cette nouvelle et louent les mérites de Pâris et sont subjugués par la beauté d’Hélène.  

 

Cassandre pendant la guerre de Troie

Pendant la guerre, Cassandre voit s’accomplir toutes ses divinations et enrage de n’être point crue. Elle assiste à la mort de ses deux frères, les vaillants Troïlus et Hector, tous deux tués par Achille. Elle accepte alors de se marier avec un prince étranger mais plusieurs de ses prétendants sont tués avant l’hyménée.


Il semble pourtant qu’elle se soit unie à Coroebos dont elle a eu des jumeaux. Le nom est sans doute inexact : Coroebos d’Elis entre dans l'histoire pour être le premier vainqueur de la course à pied des Jeux olympiques et est contemporain d’Homère.  

Le mari de Cassandre est probablement un prince hittite. Cet Empire du centre de l’Anatolie était le seul allié capable de renverser une situation désespérée après la mort d’Hector.


Les jumeaux sont assassinés sur l’ordre d’Agamemnon sur le bateau qui ramène Cassandre comme otage après la chute de Troie.

   

Elle prédit également que Troie sera détruit si les écuries de Priam, proches de la porte Scée, sont prises sous les coups de l’ennemi. Lorsqu’elle a enfin un allié en la personne du grand prêtre Laocoon, Athéna envoie un serpent étouffer ce grand personnage et ses deux enfants.


Elle prévient sans plus de succès qu’Ulysse, avec lequel Priam négocie, n’est qu’un fourbe et que le cheval de bois offert par les Grecs est un subterfuge qui conduira Troie à sa perte. 

   

Cassandre otage d’Agamemnon

Pendant que tous les soldats grecs envahissent la ville et massacrent la population qui n’a pas pu s’enfuir avec Enée, Cassandre s'est réfugiée dans le temple d’Athéna avec sa petite sœur Polyxène.


Elle n’est pourtant pas à l’abri dans ce temple. Ajax l’arrache à l’autel de la déesse et la viole dans le pronaos du temple alors que Néoptolème, le fils d’Achille, s’empare de Polyxène pour l’immoler sur le tombeau de son père.


Lors du partage du butin, Cassandre devient l’otage d’Agamemnon. Il n’est pas sûr qu’il ait eu pour cette belle princesse un sentiment amoureux et qu’elle devint sa maîtresse. Clytemnestre, qui le prétendra par la suite, a menti pour justifier les meurtres d'Agamemnon et de Cassandre.

 

 

      

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Villa Borghèse à Rome : Ajax violente Cassandre dans le temple d'Athèna

La mort de Cassandre à Mycènes

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Photo Michel Ledeuil : Mycènes La Porte des Lionnes

     

Lorsqu’Agamemnon rentre triomphant dans la citadelle de Mycènes. Il franchit, au milieu d’une population en joie, la célèbre Porte des Lionnes.

 

Cassandre, qui a eu une vision préalable de leur assassinat, a tenté, en vain, de le convaincre de la duplicité de sa femme.

 

Agamemnon est tué soit par Egisthe soit par Clytemnestre elle-même, alors qu’il vient de s’installer dans sa baignoire.


Cassandre meurt, sans regret, quelques heures plus tard. Le destin s’est accompli.

 

Cassandre dans la littérature

Homère au chant XIII de l’Iliade décrit Cassandre comme la plus jolie des filles de Priam. Au chant XI de l’Odyssée, il raconte son meurtre perpétré par Clytemnestre. Chez cet auteur, Cassandre n'est pas encore la grande prophétesse qu'elle deviendra chez d'autres auteurs.


Eschyle, dans sa tragédie, "Agamemnon" montre tout son désespoir et son impuissance face à ses pouvoirs divinatoires.


Euripide dans sa tragédie "Les Troyennes" représente Cassandre qui surgit toute tremblante d'une tente et, telle une folle, prédit à Clytemnestre, le parricide qui l'attend.


Virgile y fait plusieurs fois allusion dans l’Enéide et apporte crédit aux relations entre la princesse et Enée.


Christa Wolf, écrivain connue pour ses actions contre le régime de la RDA à partir de 1976 en fait l'héroïne de son livre éponyme Cassandre écrit en 1983. Il s’agit d’une fantastique autobiographie fictive dans laquelle Cassandre, sur le chemin qui la mène à Mycènes, se remémore les événements qui ont amené à la chute de Troie et son prochain assassinat.


Jean Giraudoux, dans "la guerre de Troie n’aura pas lieu" dépeint Cassandre de façon pessimiste et sans aucune illusion. Elle est le symbole de la lucidité qui se heurte au bon sens d’Andromaque, à l’optimisme d’Hector et la stupidité de Démokos.  

 

Cassandre dans la langue française

Dans la langue française, Cassandre devient un nom commun désignant une personne pessimiste annonçant des malheurs. L'expression « jouer les Cassandre » est utilisée pour désigner quelqu'un qui fait des prophéties dramatiques et dont les propos peuvent paraître exagérés.

 

Cassandre s’est refusée à Apollon

Parmi tous les récits sur le fait que Cassandre ait été punie pour s’être refusée au Dieu protecteur des Troyens, Eschyle, dans sa pièce "Agamemnon" est le plus proche du mythe dans les vers 1180 - 1210 :

Le Coryphée s’adressant à Cassandre à Mycènes, alors qu’elle annonce l’assassinat prochain d’Agamemnon par Clytemnestre, sa femme et sa propre mort.


- Le Coryphée : Et comment un serment si sincère et si solide qu’il soit, pourrait-il guérir le mal ? Mais je m’étonne qu’élevée au-delà de la mer dans une langue étrangère, tu puisses tout dire exactement comme si tu avais été présente parmi nous.
- Cassandre : C’est que le divin Apollon (Loxias c'est-à-dire Apollon pour les Grecs) m’a préposée à cette tâche.
- Le Coryphée : A-t-il donc, quoique Dieu, été piqué par le désir ?
- Cassandre : Jusqu’ici j’avais honte de parler de ces choses.    
- Le Coryphée : On fait le renchéri quand on est trop heureux.      
- Cassandre : Il m’attaqua vivement, car il était enflammé d’amour pour moi.
- Le Coryphée : Est-ce que vous en vîntes, comme c’est l’usage au point de faire un enfant ?
- Cassandre : J’en étais tombée d’accord avec Loxias, mais je ne tins pas ma promesse.
- Le Coryphée : Est-ce que tu étais déjà en possession de l’art qui t’inspire ?
- Cassandre : Je prédisais déjà tous les maux à mes concitoyens.
- Le Coryphée : Comment échappas-tu au ressentiment de Loxias ?
- Cassandre : personne n’eut plus aucune foi à mes oracles, dès que je l’eus trompé.   


Polyxène, la jeune sœur de Cassandre

VG11-235A Firenze loggia PolyxenePhoto Michel Ledeuil : Florence Néoptolème enlève Polyxène

               

Polyxène avait séduit Achille et lui avait donné rendez-vous dans le temple d’Athéna, au cours de la trêve qui a suivi la mort d’Hector et celle de Penthésilée.

 

C’était un piège et Pâris a pu ainsi tuer Achille en visant son talon qui était le seul point vulnérable du héros.

 

Pour la punir de sa traîtrise et de la vive émotion qu’elle avait déclenchée chez son père, Néoptolème l’a fait égorger sur la tombe d’Achille après la chute de Troie.

 

Cassandre qui devine l'épouvantable sort réservé à sa jeune soeur supplie en vain Néoptolème.

 

Cassandre dans le roman « l’ombre de Polycaste »

Dans ce roman sous-titré « Pour l’amour de Cassandre. Princesse d’Ilion, fille aînée du roi Priam » Cassandre est omniprésente et sert de révélateur du conflit qui oppose les deux héros du roman : Sylvia et Hector.  

 

La vie quotidienne dans le palais de Nestor, l'idylle supposée entre Cassandre et Enée, la lutte des Amazones contre les Phrygiens, l'amour d'Hector et de Penthésilée, la fin de Troie y sont évoquées.

 

Cassandre y tient une place particulière puisqu'on évoque sa jeunesse et ses curieux rapports avec Enée. Le roman "le retour de Polycaste" qui complète cette évocation, se termine à Mycènes, à l'endroit où elle tombe, consentante, sous les coups des sbires d'Egisthe, accomplissant ainsi son destin.