Flöge Emilie

Émilie Flöge est née le 30 août 1874 à Vienne, dans une famille aisée. Après sa rencontre avec Gustav Klimt, elle devint jusqu'à la mort de l'artiste sa compagne et son modèle préféré.

 

Ses origines


Émilie Flöge est née le 30 août 1874 à Vienne, dans une famille aisée. Elle était en effet l'une des filles du maître tourneur et fabricant de pipes en écume de mer Hermann Flöge.


Elle apprit la couture dans l’école ouverte par sa sœur aînée Pauline en 1895 et démontra rapidement sa capacité de styliste.


Quatre ans plus tard, les deux sœurs gagnèrent un concours de couture et les premières commandes des femmes de la bourgeoise viennoise affluèrent.

 

Une styliste reconnue

emilie Flöge en 1909        

Plus tard, Émilie devint créatrice de mode, et à partir de 1904 elle s’associa avec son autre sœur Hélene qui était la propriétaire du salon viennois de haute couture « Schwestern Flöge » (« Aux Sœurs Flöge ») dans la « Mariahilfer Straße » (l'une des plus grandes rues commerçantes de la ville).


Dans ce salon, dessiné par l'architecte Josef Hoffmann dans le style Art nouveau, elle présentait des collections de mode qui correspondaient aux goûts de la Wiener Werkstätte.


Lors de ses voyages à Londres et à Paris, elle s'informait aussi sur les dernières tendances de la mode auprès de Coco Chanel ou de Christian Dior.


Elle employa jusqu'à 80 couturières aux périodes fastes et son salon devint un rendez-vous de mode incontournable de la société viennoise. 

 

La photo ci-contre a été prise dans son atelier en 1909. Elle a alors 35 ans et elle est adulée par toute la bourgeoisie vienneoise et par Gustav Klimt.  

 

 

Sa rencontre avec Klimt

 

Elle fait, à 23 ans, la connaissance du peintre Gustav Klimt en 1897, sans doute par l’intermédiaire de sa sœur Hélène qui était la belle-sœur de l'artiste.

 

Sa personnalité vive et fantasque, son visage d’une beauté surprenante encadré par une coiffure frisée, séduit l’artiste et elle devient son égérie et l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie en supportant le caractère renfermé du peintre qui passait de longs moments dans le jardin auprès duquel se trouvait son atelier.


Il l’a représentée dans de nombreuses œuvres : peintures, croquis, fresques. Il existe également un certain nombre de photographies dont celle-ci prise dans son atelier en 1909.


Ils passent une grande partie de l’été dans le Kammer et la région de l’Attersse où il peint ses premiers paysages.

 

 

Le modèle préféré de Klimt

L’embrassade*** de Gustav Klimt est peinte dans une atmosphère nocturne sous les regards du monde obscur qui entoure les deux amants.


Ils s’aiment et se retrouvent en cachette pour un instant de bonheur. Leur amour est d’autant plus intense qu’il est défendu.


Mais ils se croient solitaires alors que le monde les épie. Non pas forcément pour les calomnier mais parce que chacun sait que les obstacles de la vie, qui sont devant eux, aura raison, un jour, de ce geste gracile et fou.


Ce petit tableau a été réalisé en 1895 et nous reconnaissons le beau visage d'Émilie Flöge et celui, moins connu de Gustav Klimt lui-même.


Ce dernier, tel un amant de passage, semble sortir d'un buisson et la jeune femme qui a déjà fermé les yeux attend le baiser qui lui apportera le plaisir attendu.

 

 

          Vienne musée de la ville  Le baiser
le baiser large        

Le Baiser*** réalisé en 1907 constitue l’apothéose de son art. Le thème est le même que celui réalisé douze années plus tôt, mais son style a évolué.  


Il est probable qu’il se rapporte au couple qu’il formait avec Émilie Flöge.


Ils vivent ensemble depuis dix années mais, en femme indépendante, elle a poursuivi son métier de styliste. C'est ainsi qu'elle a su garder l'artiste qui était bien connu pour ses aventures féminines.


La jeune femme savoure le baiser de l’homme comme un cadeau qu’elle reçoit de son amant. La couleur teinte or fait apparaître cette scène comme une icône.


La forme ondoyante de la robe décorée de motifs floraux aux couleurs vives donne un éclat de bonheur et la souplesse de la jeunesse éternelle. Un hymne à l’amour. Un instant volé au destin. En effet le danger n’est pas loin. Les amants se trouvent au bord d’un gouffre.

 

 

Le déclin 

               

En 1938, c’est l'Anschluss. Les nazis envahissent l’Autriche et imposent leur joug sur la population et la bourgeoisie viennoise.
Émilie Flöge, sans doute victime du fait qu’elle fût la compagne d’un artiste honni des nazis, perdit ses principaux clients et, proche de la faillite, elle dut fermer son salon de couture.


Elle travailla alors dans un petit atelier à son domicile, 39 Ungargasse, dont elle habitait l'étage supérieur.
Dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, les épouvantables bombardements des alliés détruisirent la capitale autrichienne sans défense. La cathédrale, le Prater et sa grande roue, la vieille ville sont presqu’entièrement détruites.


La maison d’Émilie n’échappa pas au drame. Toute sa collection de vêtements fut détruite par le feu, ainsi que de nombreux objets de valeur provenant de l'héritage de Klimt dont elle avait hérité à la mort de l’artiste en 1918.


Quel désespoir pour cette femme de voir son œuvre et celle de son compagnon partir en fumée. Elle ne s’en remit jamais et mourut en 1952 à l’âge de 78 ans, oubliée de tous.