Cameron Julia Margaret

Julia Margaret Cameron était une photographe britannique qui réalisa de nombreuses illustrations photographiques inspirées par la peinture préraphaélite anglaise et des portraits de célébrités de son temps.


J’ai découvert quelques œuvres de Julia Margaret Cameron, lors de la visite de l’exposition temporaire préraphaélite à Stockholm en 2009, mais je ne connaissais rien de cette femme.


Ses origines


Julia Margaret Cameron est née en 1815 à Calcutta dans une famille très aisée au moment de l’apogée de l’Empire Britannique. Elle fut élevée en France et en Angleterre, avant de retourner en Inde en 1834.

En 1838, elle épousa Charles Hay Cameron, un juriste de vingt ans son aîné avec lequel elle aura six enfants. Elle adopta aussi trois orphelins et éleva les enfants de sa sœur Adeline. Ils s’établirent à Ceylan où son mari avait acquis une plantation de café.

 

Lorsque Cameron prit sa retraite, en 1848, ils virent s’installer à Londres et, comme sa sœur y tenait un salon littéraire fréquenté par des auteurs et des artistes célèbres, il est probable que Julia Margaret rencontra durant cette période de nombreuses célébrités.


Elle côtoya notamment le peintre Dante Gabriel Rossetti, l'un des fondateurs du mouvement préraphaélite, qui sera une source majeure de son inspiration. Elle prit également de nombreux portraits de femmes, en particulier de sa nièce Julia Jackson, mère de l'écrivain Virginia Woolf.


En 1875, les Cameron, à court d’argent, retournèrent à Ceylan. Julia Margaret Cameron y poursuivit une activité photographique avec beaucoup de difficultés avant de s’éteindre le 26 janvier 1879, elle avait 64 ans.

      

497px-Julia Margaret Cameron by George Frederic Watts

Portait de Julia Margaret Cameron


Sa carrière photographie


Photographe amateur devenue portraitiste renommée, elle eut une véritable démarche artistique. Animée par une recherche de la beauté et de l’esthétique, elle cherchait à capter la personnalité des sujets qui posaient pour elle.
Elle s’illustre par des portraits au cadrage serré et au flou artistique, ce qui lui valut d’ailleurs un certain nombre de critiques.  
Cette démarche était pourtant novatrice, à une époque où la photographie, technique encore récente, était surtout estimée pour sa précision documentaire.


Elle commença tardivement sa carrière photographique, en 1863, alors qu’elle venait d’avoir 48 ans. C’est sa fille aînée qui l’a poussée indirectement vers cette passion en lui offrant comme cadeau un appareil photo.  

La majeure partie des photographies de Cameron entre dans deux catégories : les portraits et les illustrations pour des œuvres littéraires.


Les portraits

Les portraits réalisés par Julia Margaret Cameron restent importants aujourd’hui. Ils sont parfois la seule photographie existante de personnalités historiques, prise à une époque où cette technique était encore nouvelle et complexe. Beaucoup de ces portraits ont également perduré en raison de leur qualité artistique.

 

Marie Spartali Stillman

Portrait de Marie Spartalli Stillman

 

           

Maud et la passion des fleurs

Portrait de Maud et la passion des fleurs

 

Les illustrations d'oeuvres littéraires


Julia photographiait, également, de nombreuses personnes de son entourage, des amis, des membres de la famille ou des domestiques lorsqu’elle leur trouvait, comme chez Mary Ann Hillier, des visages propres à illustrer les thèmes tragiques de la légende arthurienne.

Mary Ann Hillier Elaine        Mary Ann Hillier 134     Marie Spartali Stillman Hypatia


Mary Ann Hillier était l'une des domestiques préférées de Julia Margaret Cameron.Dans ce portrait très cadré, elle prend les traits d'Elaine, l'une des héroïnes de la légende arthurienne

 

 


Mary Ann Hillier devient dans ce portrait : the angle of the tomb. Elle prend les traits de Marie de Malgada qui découvrit la tombe du christ vide et annonça sa résurrection.

 

  Marie Spartali Stillman était elle-même une artiste du cercle préraphaélite. Dans ce portrait elle prend les traits d'Hypatia, la célèbre mathématicienne et discipline de Platon, qui vécut en 350 apr. J.-C. à Alexandrie 
Lancelot et Guenièvre   

Dans ces deux photos, Julia Margaret réalise des mises en scène soignées qui n'auraient pas déplu aux réalisateurs de films hollywoodiens.


Pour un péplum sur la légende arthurienne avec l'amour impossible de Guenièvre et de Lancelot,

ou encore pour une belle histoire d'amour déçu, avec la jeune femme romantique qui représente la tristesse.

    

A cette époque, il fallait que les personnages restent immobiles durant de longues minutes pour obtenir une photo de cette qualité.


Le flou de la photo de gauche est voulu par Julia Margaret pour nous mettre dans l'ambiance légendaire.

    591px-Sadness by Julia Margaret Cameron

 

 

 

 

 

 

 

 

En conclusion

L'histoire de Julia Margaret Cameron n'est pas sans rappeler celle de Karen Blixen. Toutes les deux d'origine bourgeoise, elles s'étaient préparées à mener une vie classique dans le rôle ingrat que leur confiait la société du dix-huitième siècle. Mais elles avaient en elles, une grandeur d'âme, une curiosité, une volonté d'entreprendre qui leur a permis de s'épanouir.

 

Julia a traversé toute l'époque victorienne. L'Angleterre qui a débarrassé l'Europe du tyran napoléonien va bâtir le plus grand empire de tous les temps. Elle naît à Calcutta, elle fait ses études en France et en Angleterre pour avoir "une bonne éducation" avant d'épouser un beau parti.

 

Elle a connu la période durant laquelle la mise en oeuvre opérationnelle de découvertes, faites bien des années auparavant, s'est répandue dans le monde parcouru par les Britanniques : les chemins de fer, le timbre-poste, les bateaux à vapeur, la photographie...

Il lui importait peu de savoir si la photographie était faite pour fixer les témoignages ou pour devenir une nouvelle forme d'art. Elle a essayé, elle s'est prise au jeu et elle a réussi à nous léguer une oeuvre originale tout en prenant du plaisir.