Esculape

Esculape a, pour véritable nom Asclépios car il était Grec. Si on en croit la légende, il serait le fruit des amours d’Apollon et de Coronis, la fille du roi de Thessalie. Ce dernier aperçut la jeune princesse alors qu’elle se baignait dans le lac Boibiis situé non loin du palais de son père et s’unit avec elle.

Bien qu’elle porta en elle le fruit de l’amour du Dieu, Coronis céda aux avances d’un jeune et beau courtisan de l’entourage de son père, Ischys, le fils d’Elate.

Un corbeau, qui était chargé par Apollon de veiller sur la mère de son enfant, s’envola jusqu’à Delphes pour rapporter la nouvelle à son maître.

 

Furieux de la trahison de sa bien aimée, Apollon, jaloux et colérique se vengea sur l’oiseau en transformant son plumage en noir. Les corbeaux avaient auparavant des plumes blanches.

 

Plein de colère, il supprima son malheureux concurrent et demanda à sa sœur, l’intrépide et fascinante Artémis, de tuer l’infidèle princesse d’une volée de ses flèches acérées.

 

Asclépios n’aurait jamais dû naître, mais Apollon a arraché l’enfançon du ventre de la défunte avant que son corps ne s’évanouisse en cendre sur le bûcher dressé par ses parents. Asclépios a confié au centaure Chiron.

      

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Photo Michel ledeuil : Musée des beaux-Arts à Copenhague

 

C’est ce que dit la légende, mais la véritable histoire est sans doute plus simple: Coronis serait morte en couche, soit dans le palais de son père en Thessalie, soit lors d’un voyage qu’elle fit à Epidaure.

 

Son fils Asclépios fût alors confié à une nourrice mais reçut néanmoins une excellente éducation. Il est probable qu’il ne fût pas l’aîné des garçons et c’est pour cette raison qu’il a choisi une autre voie sinon il serait devenu roi de Thessalie à la mort de son père.

 

Formé par le médecin de la cour, il surpassa rapidement son tuteur, lequel en prit ombrage. Asclépios préféra s’exiler et s’installa à Epidaure, en Argolide où il put exercer ses talents de guérisseur, puis de médecin et de chirurgien sous la protection des Achéens.

 

Il se maria avec Epioné, la fille du roi de Kos dont il eut quatre filles et deux fils. Epioné aida son mari dans son entreprise ainsi que Hygea et Panacée. Machaon et Podalire sont partis avec Ajax, le roi de Thessalie pour faire la guerre et se sont illustrés comme médecins durant le siège de Troie.

Machaon était le plus intrépide. Il a lui-même été blessé par Pâris au cours d’une échauffourée, mais Nestor et ses fils ont réussi à le dégager. Il a pansé Ménélas lorsqu’il fut blessé par une flèche de Pandaros. Il a participé aux négociations entre Ulysse et Priam et fit partie des guerriers qui s’introduisent dans les flancs du cheval de Troie avant d’être tué au cours de l’assaut final.

 

La preuve qu’Asclépios n’était pas un demi-dieu est apportée par Homère qui n’y fait allusion dans le chant IV de l’Iliade qu’en tant que père de deux médecins: Machaon et Podalire. Nous sommes pourtant plus de cinq siècles après la vie hypothétique d’Asclépios.

 

Le culte d’Asclépios n’a débuté qu’au sixième siècle avant J-C, époque à laquelle la médecine, par la connaissance des plantes et des vertus aphrodisiaques et thérapeutiques qu’elles produisaient, fit des progrès considérables, mais c’est deux siècles plus tard que le sanctuaire d’Epidaure a connu le succès qu’on lui connaît.

 

La réputation d’Asclépios était telle que près de deux cents sanctuaires ont été construits à cette époque dans le monde grec et romain.

 

La représentation du Dieu guérisseur apparaît alors dans sa forme définitive. Il s'est laissé pousser la barbe qui est frisée selon la mode du temps de Périclès et flatte de sa main gauche le serpent sacré qui s’enroule autour de son bâton. Il s’agit d’un bâton d’olivier autour duquel s’enroule un serpent non venimeux.

 

Au départ, il y a dans la Grèce antique, trois symboles important: Le coq, le serpent et la tortue, synonymes de recherches, de vigilance et de prudence. Le serpent s’est progressivement imposé comme étant le symbole principal. N’oublions pas que, même au moyen-âge, les sorcières, qui étaient aussi des guérisseuses, se servaient du venin des serpents et du sang de tortues, pour fabriquer leur breuvage qui n’avaient rien de maléfique.

 

Asclépios se servait des mêmes ingrédients auquel il ajoutait des plantes aphrodisiaques. On élevait dans le temple circulaire appelé la tholos, des couleuvres qui servaient de base à toute préparation.

 

C’est le bâton d’Esculape, stylisé, qui a servi pour le Caducée des médecins, mais le Caducée, dans l’antiquité, est l’attribut d’Hermès et pas du dieu guérisseur. C’est plus tard que les professions médicales se sont emparées de ce bâton pour en faire un symbole de la médecine alors que les pharmaciens utilisent la coupe d'Hygea.

 

Hygea nourissait les serpents sacrés qui résidaient dans la tholos.

 

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Photo Michel Ledeuil : musée d'Epidaure

theatre epidaure minphoto Michel Ledeuil : le théâtre à Epidaure              

Tous les monuments que l’on peut admirer aujourd’hui à Epidaure et dans la majorité des autres sanctuaires qui lui sont dédiés, ont été construits entre 380 et 300 avant J-C. Ils sont donc plutôt récents.

La majorité des temples grecs que l’on peut découvrir à Athènes, à Egine, au cap Sounion, en Sicile ou à Paestum ont été érigés plus d’un siècle auparavant.

L’argent coulait à flot et les prêtres avaient bien profité de la naïveté des patients. On venait alors à Epidaure en cure mais aussi pour se distraire.

C’est pour cela que l’on a construit le théâtre, le stade, le gymnase et le vaste hôtel qui disposait de cent soixante chambres.

Néanmoins, les malades continuaient d’affluer car l’espoir d’une guérison miraculeuse restait ancré dans la tradition populaire.

Il y avait tout un cérémonial. Les patients, après avoir passé les propylées se purifiaient à la fontaine sacrée, puis faisaient une offrande sur l’autel situé devant le temple dédié à Apollon et à Asclépios. Les tarifs exigés dépendaient de leur rang social: un bœuf, des fruits, une somme d’argent.

Après un premier diagnostic réalisé par ses disciples, les patients étaient invités à prier devant l’autre temple dédié spécifiquement au dieu-guérisseur. Asclépios intervenait alors.

Il disposait de toute sorte de breuvages qui calmaient les douleurs et qu’il administrait aux patients. Ceux-ci passaient une ou plusieurs nuits dans l’abaton.

 

C’est donc dans ce dortoir que le «demi-dieu» leur apparaissait en songe. Lorsque les soins nécessitaient des manipulations, Asclépios intervenait avec des attouchements.

Des stèles le représentent en train de manipuler les membres de certains patients.

        epidaure soinPhoto Michel Ledeuil : Asclépios et Hygea à Epidaure

On a prétendu qu’Asclépios était capable de ressusciter des morts. Mais, à l’époque grecque, c’est l’attribut des Dieux seuls et Zeus, lui-même, lorsqu’il a apprit qu’Asclépios se vantait de cette réussite, l’a foudroyé.

 

Le culte d’Asclépios a duré un millénaire. Pendant plus de trois siècles, il a même cohabité avec le christianisme, mais le site a été pillé par les Hérules en 395 et l’Empereur Théodose II a décrété sa fermeture définitive en 426 et le site est tombé dans l’oubli jusqu’en 1950.