Andromaque

Fille aînée du roi Eétion, Andromaque est née à Thèbes, la capitale du royaume de Mysie. Ce royaume, allié de la Phrygie, se situait au sud de la Troade, dans la région de Smyrne.

Son mariage avec Hector, le fils de Priam, s’est sans doute fait à l’occasion d’un traité d’alliance entre les deux royaumes pour lutter contre l’hégémonie des Achéens.

 

 

Ses origines

Fille aînée du roi Eétion, Andromaque est née à Thèbes, la capitale du royaume de Mysie. Ce royaume, allié de la Phrygie, se situait au sud de la Troade, dans la région de Smyrne.

Son mariage avec Hector, le fils de Priam, s’est sans doute fait à l’occasion d’un traité d’alliance entre les deux royaumes pour lutter contre l’hégémonie des Achéens.

Le royaume de Mysie a été détruit par les Grecs durant la première phase de la guerre de Troie. C’est Achille qui a été le principal acteur de la mort des frères et du père d’Andromaque.

 

Son mariage avec Hector

Sans doute a-t-elle été mariée au fils aîné de Priam à l’issue du traité d’alliance qu’avaient signé Eétion et le roi de Troade.  
La destruction du royaume de Mysie l’a certainement marquée et forgé son caractère.

Sans doute a-t-elle une amertume profonde car les Troyens n’ont rien tenté pour sauver son allié du sud. Elle est probablement aigrie et inquiète car son mariage de circonstance ne sert plus les intérêts de Priam. Heureusement pour elle, elle a donné à Hector un fils : Astyanax.

 

Andromaque lors du combat entre Hector et Achille.

 V12-ADK-460-Schlei-musée Hector et Adromaque

photo Michel Ledeuil : château de Gottorf à Schleswig

     

Les deux oeuvres d'art nous montrent Andromaque en compagnie d’Hector.

 

Hector a déjà revêtu son armure et prend dans ses bras son fils, Astyanax, que lui présente une servante.

 

Dans le tableau ci-contre, Andromaque apparaît comme une femme aimante qui tient par la main le bras de son mari, alors qu’Astyanax semble épouvanté par l’armure de son père. A moins qu’il ne perçoive l’issue fatale du combat, mais aucun texte ne relate cela.

Hector tend les bras pour étreindre une dernière fois son fils.

 

Dans l’œuvre de Thorvaldsen ci-dessous, Andromaque s’interroge. Elle a porté la main au menton alors qu’Hector brandit son fils qui semble étonné par l’attitude de son père.

 

 

 

 

C’est la fin de la scène des adieux. On le découvre à travers la gestuelle de la servante qui va reprendre l’enfant dans ses bras.

 

 

L’attitude d’Andromaque est ici plus réaliste. Elle craint le pire. Pour Hector bien sûr mais surtout pour son fils, pour la ville de Troie et son rôle de veuve alors qu’elle est étrangère à cette ville.

 

 

A la gauche du bas-relief, un guerrier en arme attend. On peut supposer qu’il s’agit d’Achille bien que le sculpteur nous laisse le choix sur ce point.


 

 

 

    

V12-ADK-3290 musée Thorvaldsen  Hector et Astianax

photo Michel Ledeuil: bas-relief de Thorvaldsen à Copenhague
  • L’attitude d’Andromaque avant le combat.

 En m’appuyant sur les textes homériques, j’ai raconté ainsi, son état d’esprit : 

 …..Elle était enceinte d’Hector. Elle croyait encore à l’avenir et s’inquiétait pourtant de l’issue de la confrontation. Elle tissait un grand carré de toile, un châle de pourpre, orné de fleurs, gage d’autres printemps. Elle avait ordonné, aux servantes de placer, au fond de la maison, un grand trépied sur le feu afin qu’Hector puisse trouver, dès son retour du combat de quoi se laver et se parfumer avant de lui faire la cour.

Elle n’avait pas voulu assister aux préparatifs. Mais lorsqu’il passa son armure, c’est lui qui l’a mandée, non pas pour l’embrasser une dernière fois, ni bien entendu pour lui faire part de ses craintes, mais pour lui faire les recommandations d’usage. Etre forte, se montrer digne de son rang, (extrait du roman le Retour de Polycaste : auteur Michel Ledeuil).

 

  • L’attitude d’Andromaque durant le combat.

Elle n’a pas assisté au combat. Homère, dans l’Illiade, est très précis sur ce point : de sa belle demeure, elle a entendu les clameurs puis des gémissements qui partaient du rempart. Un frisson l’a parcourue et la navette lui tomba des mains.

Pour calmer son angoisse, Andromaque tissait une étoffe. Elle s’est évanouie et ses servantes se sont précipitées pour la réconforter. Elle se reprend vite et demande à deux servantes de la suivre pour aller aux nouvelles.

Lorsqu’elle arriva enfin sur le rempart, elle assista au drame affreux. Au drame au milieu du drame. Le corps pantelant de son mari traîné derrière un char triomphant. Achille se vengeait. Mué d’une indicible colère, il allait venger la mort de Patrocle. Il avait promis de jeter ses membres sanguinolents aux chiens, à côté de ses vaisseaux. Revenue dans sa demeure, elle s’en prit à son fils, Astyanax. De rage, elle injuria son propre fils. A cet instant, elle n’est déjà plus troyenne et renie dans son cœur cette ville qui lui a apporté tous les malheurs.

 

La prise de Troie

A la différence de Polyxène et de Pâris, Andromaque n’a pas pris part au complot qui provoqua la mort d’Achille. C’est pour cette raison qu’elle sera épargnée lors du saccage de Troie.
 
Par contre elle ne peut empêcher l’assassinat de son fils unique Astyanax. Ce dernier a été passé au fil de l’épée avant d’être jeté du haut des remparts de la ville en cendres.


 
Son fils est le fils d’Hector, mais il ne s’agit pas d’un acte de vengeance. Il est assassiné car il est le seul descendant mâle capable de régner sur la Troade que les Grecs veulent anéantir.
 

Dans cette gravure, Andromaque se fait implorante, ainsi qu'une de ses suivantes. Les guerriers grecs représentés sont Ajax et Neoptolème, le fils d'Achille qui obtiendra Andromaque pour esclave.

         
A droite, le cadavre d'un Troyen, peut-être Pâris, est étendu. Il tient encore dans ses bras son arc qui lui avait servi à tuer Achille par une flèche dans le talon.

      

Capture

 gravure représentant la mort d'Axtyanax

L’otage de Néoptolème

Elle devient l’otage du fils d’Achille, Néoptolème qui l’emmena dans son royaume d’Épire. Ce dernier était marié à Hermione, la fille de Ménélas et d’Hélène, mais il tomba amoureux d’Andromaque.

 

Ce tableau romantique met en scène Néoptolème, Andromaque et Astyanax. L'auteur de cette belle œuvre s'est affranchi de la mythologie.

La ville de Troie est incendiée et les Grecs emmènent en esclavage la population qui a échappé aux massacres.

 

 

V14-DK-8790 Neoptolème et Andromaque

Photo Michel Ledeuil: musée des beaux-Arts à Copenhague

     

Au premier plan, le fils d'Achille, Néoptolème prend par la main Andromaque et lui montre la direction du royaume d'Epire où elle sera emmenée captive, mais adulée par son nouveau maître.

 

Andromaque s'est agenouillée devant le tombeau d'Hector, avec à ses côtés, son fils Astyanax.

 

 

Néoptolème a laissé traîner ses armes que l'on voit apparaître à la gauche du tableau.

 

La scène est émouvante, bien qu'elle soit très loin du mythe. En effet, Astyanax a déjà été tué et Andromaque n'est plus qu'un tribut qui est réclamé par le fils d'Achille.

 

 

La relation amoureuse qui s'est installée entre ces deux êtres n'a rien à voir avec le début de compassion que semble suggérer ce tableau.

 

 

 

  • La maîtresse du fils d’Achille

Andromaque est connue par la littérature comme l’amante de Néoptolème. Racine a plagié sur ce point la magnifique pièce « Andromaque » d’Euripide. En m’appuyant sur les textes des tragédiens, j’ai imaginé, dans le roman « Le retour de Polycaste » l’évolution des sentiments des deux amants et le drame sentimental d’Hermione :    

 

Il est probable que Néoptolème a épousé Hermione après être revenu de Troie, donc après qu’il ait ramené Andromaque dans son palais. Je pense qu’Hermione ne s’est pas méfiée au début. Andromaque n’a rien d’une intrigante. C’est même peut-être Hermione qui a souhaité l’avoir près d’elle, dans ses appartements. Elle avait ainsi une compagne. Princesse comme elle, sans aucun pouvoir comme elle, car Néoptolème avait le caractère violent de son père et un orgueil mâle très développé.

 

Cela s’est fait progressivement. Néoptolème venait rendre visite à sa femme, dans ses appartements. C’est Hermione qui les a rapprochés. Elle ne s’est aperçue de rien. Son mari venait la voir plus souvent et elle en était pleinement satisfaite. Mais son inexpérience au lit comme dans la vie, ses migraines, sa nostalgie de son Péloponnèse natal, la fadeur de son teint, son manque d’esprit la desservaient sans cesse.

Andromaque avait connu les fêtes thébaines, plus brillantes que celles de Sparte, elle avait connu l’enfantement, les combats, elle avait assisté à de brillantes réceptions à la cour du roi Priam, autant de faits pour lesquels Hermione ne pouvait rivaliser. Andromaque n’a rien cherché à provoquer. Elle haïssait Néoptolème, mais de moins en moins, car elle ne pouvait être insensible aux attentions de son ex-geôlier. Elle s’écartait d’Hermione qu’elle trouvait un peu sotte et qui était incapable de satisfaire, au lit, son robuste mari.

 

Un jour, elle les a surpris alors qu’ils conversaient librement. Et sa jalousie n’a fait qu’un tour. Telle Médée, elle a changé du tout au tout. De confiante qu’elle était, elle se mit à les épier et a découvert qu’ils étaient amants. En effet, une nuit, alors qu’Andromaque sortait de la chambre d’Hermione qui était souffrante, elle croisa par hasard Néoptolème. Elle s’étonna de le voir ainsi traîner dans les couloirs et se mit à rire lorsqu’il prétendit qu’il n’arrivait pas à dormir tant il pensait à elle. Ce rire provoqua un véritable cataclysme. Rien n’est plus gai que le rire d’une femme lorsqu’il est douce moquerie. Elle se fit charmante sans le vouloir vraiment. Et pourtant ! Ce fut une divine surprise pour elle. Il l’entraîna dans un recoin et il l’embrassa. Elle n’avait pas fermé les yeux et elle se laissa faire. Stupéfait et ravi de cette acceptation, Néoptolème l’entraîna dans ses appartements et la jeta sur le lit. Dans la pénombre, elle ne voyait que ses yeux qui brillaient du désir des hommes. De peur de se faire violenter et en y prenant son propre plaisir, elle l’attira et se fit voluptueuse et aimante. Ce fut pour le fils d’Achille une révélation, une souffrance et un soulagement….

 

  • La mort d’Andromaque

Néoptolème et Andromaque eurent ensemble au moins un fils dénommé Molossos qui ne fût pas élevé à la cour compte tenu de sa bâtardise.

Hermione s’est plainte à sa mère Hélène du sort qui lui était réservé. Celle-ci, qui ne pouvait accepter de voir sa fille traitée de cette façon demanda à son mari ou à son neveu selon les sources d’intervenir.

Euripide prétend que c’est Ménélas qui a tué Néoptolème, mais c’est très peu plausible. Comment imaginer que le roi de Sparte vienne dans le palais de son allié, assassiner son beau-fils avec lequel il a vaillamment combattu sous les murs de Troie.


D’autres sources plus crédibles prétendent que c’est Oreste qui est l’auteur de ce lamentable attentat. Trop stupide pour résister à ses propres passions, il est le bras armé de la vengeance d’Hélène. Il en touchera d’ailleurs les dividendes puisqu’il se mariera par la suite avec Hermione et deviendra roi de Mycènes et de Sparte.

 

Après avoir tué le fils d’Achille, il a retrouvé la maison dans laquelle le fils d’Andromaque était caché, il a tué les paysans, serviteurs de Néoptolème, à qui avait été confié l’enfant. Andromaque, en apprenant le malheur qui s’était répandu dans le palais, s’était réfugiée dans le temple d’Athéna et refusait d’en sortir, car elle savait que la mort l’attendait.

Les sbires d’Oreste ont alors menacé d’égorger, sous ses yeux, son fils, si elle ne se rendait pas. Elle a vomi sa rage et, comme Cassandre des années plus tôt, a fait appel, en vain, aux dieux devenus sourds. Elle est tombée sous le glaive du fils d’Agamemnon.

 

Andromaque dans la littérature

Andromaque a inspiré de nombreux auteurs, Virgile, Racine, Giraudoux.


Homère dans l’Iliade (chant XXII) la décrit comme une jeune femme poursuivie par le malheur. Euripide dans sa pièce les Troyennes, la présente comme le modèle des épouses et des mères :

 

Je présentais toujours à mon époux un visage serein et une bouche silencieuse, et je savais à propos quand il fallait lui céder la victoire ou l'emporter sur lui.


Le renom de ma conduite, répandue dans l'armée grecque, a causé ma perte : car, dès que je fus captive, le fils d'Achille voulut m'avoir comme épouse et je serai esclave dans la maison des meurtriers de mon époux.