Présentation

MathildeMathilde

Mathilde est incarcérée depuis plus d’un an dans le camp de travail de Calmbach en Allemagne. Elle est victime, comme sa sœur Camille et beaucoup de ses compagnes, de brutalités de la part des officiers.

 

Le 4 octobre 1943, alors qu’elle pense que sa dernière heure est arrivée, elle est sauvée par le colonel Franz Schütz qui prend la direction du camp.

Elle va développer avec cet officier une relation étrange, originale, spontanée jusqu’à la libération du camp par les Américains.

 

Plutôt que de retrouver la liberté terne et sans relief qui l’attend dans son village du Jura, elle s’enfuit, avec d’autres réfugiés, jusqu’en Suisse où elle va entamer une autre vie.

Heureuse enfin, elle sera pourtant victime de la vengeance de sa famille qui la soupçonne d’avoir pactisé avec l’ennemi.

 

Est-ce vrai ? Est-ce grâce à une compromission qu’elle a pu survivre puis s’enfuir du camp ou est-ce au contraire grâce à son courage, sa détermination, son esprit, sa beauté ?

 

À travers ce roman, nous découvrons de nombreux personnages marqués par la guerre et par la perte de leurs illusions qui ont forgé leur adolescence dans les Jeunesses hitlériennes ou dans les rangs de résistants communistes avant et après la victoire et l’écrasement de l’Allemagne.


 

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Notes de l’auteur

Le roman « Mathilde » s’appuie sur un fonds historique pour une période allant du 4 octobre 1943 au 7 novembre 1947. Les premières scènes se déroulent dans un camp de travail où sont incarcérées des ouvrières captives d’origines françaises et polonaises.

 

Résistantes ou Juives pour la plupart, beaucoup d’entre elles, déportées, ont perdu toute leur famille dans les camps d’extermination. Ce qui les a sauvées, c’est leur robustesse, leur beauté ou le fait d’avoir un métier. L’Allemagne nazie a besoin de bras pour travailler dans les usines d’armement.

 illustration dun camp de travail pour femmes

illustration d'un camp de travail pour femmes

 

L’ensemble des personnages, des lieux et des faits qui est relaté est romanesque. Tout rapprochement avec des histoires vécues serait pur hasard. Cependant, tous les événements s’appuient sur des hypothèses vraisemblables et la datation de l’invasion et de la défaite allemande est exacte.

 

Ce qui m’intéresse à travers ce roman est de raconter une histoire de militaires et de jeunes femmes confrontées à la guerre. Les mentalités sont conformes à celles qui dominaient en France et en Allemagne durant les périodes troubles de la montée du nazisme et des communistes français qui rentrent dans la résistance uniquement lorsque la Russie de Staline est attaquée.

 

Il n’y a pas de héros mais des jeunes femmes et des soldats confrontés aux événements qui les dépassent le plus souvent. Chacun réagit selon ses convictions et son tempérament. C’est l’occasion de voir la guerre des « deux côtés » sans tomber dans la dichotomie des bons et des méchants.

 

 

Mathilde


Mathilde est le personnage central du roman. Dominée par sa sœur, par Hertha, puis par Alexandra, elle est ballotée par une série d'événements tragiques au milieu desquels elle réagit tant bien que mal.

 

Au fil du récit, nous découvrons son sens de la répartie, son humour, sa fragilité, sa détermination, sa culture. Sans doute a-t-elle fait des études puisqu’elle parle très bien allemand et est lettrée.

Elle est belle, mais surtout, elle a du charme. Elle séduit, sans le vouloir vraiment, les personnes qu’elle côtoie. C’est ce qui va la sauver de la mort à plusieurs reprises.



Franz


Franz et Hertha sont des militaires. Ils ont commis des atrocités, pour l’un, durant la conquête de l’Ukraine, pour l’autre en tant que médecin dans un camp de la mort.

Ce ne sont pas pour autant des criminels, ce sont les circonstances qui les amènent à commettre des actes répréhensibles. Les militaires font la guerre. Ils n’ont pas le choix.



Alexandra


La comtesse est un personnage énigmatique et attachant. Les trois Jeunesses hitlériennes, Olga, Hilde et Alexandra ont passé leur adolescence dans un univers particulier de vie en communauté.

Elles subissent l’endoctrinement du parti et sont subjuguées par les grands défilés et par les conquêtes des armées qui démontrent, le croient-elles, la justesse de leur engagement. Dénoncer des juifs, se réjouir des conquêtes sont, pour elles, une évidence et une bonne action.

 

V19-3035 Berlin musée de histoire allemande   carte dadhésion

photo Michel ledeuil : musée historique de Berlin

 

Alexandra comme ses compagnes Olga et Hilde a adhéré aux Jeunesses hitlériennes, sans doute poussées par leur famille, dès l'arrivée au pouvoir d'Hitler en janvier 1933.

 

Alexandra vient d'avoir dix-huit ans. Voici ce qui pourrait être sa carte d’adhésion.

 

Elle quitte les Jeunesses hitlériennes pour se marier deux ans et demi plus tard, avec son oncle, le général Von Humboldt.

Dans la mentalité nazie, les jeunes filles « bien faites », ayant adhéré aux Jeunesses hitlériennes (poussées par leur famille le plus souvent)  doivent être de future « bonne épouse » et avoir beaucoup d’enfants pour développer la race arienne.  


Un certain nombre d'entre elles sont embrigadées et reçoivent une formation proche du service militaire. Dans ces espaces clos, alors qu’elles découvrent, entre jeunes filles, les désirs de l’adolescence, il est évident que se nouent des rapports amoureux.


Ces rapports n’ont rien à voir a priori avec une tendance lesbienne. D’ailleurs, nous découvrons au fil du récit que chacune d’entre elles préfère les rapports avec les hommes, sans renier cependant le plaisir des attouchements entre femmes.

 

Pour Olga, et pour Alexandra, il s’agit d’exercer leur domination sur les autres femmes. C’est ce qui génère les rapports ambigus entre Alex et Mathilde notamment, d’autant plus qu’elles se retrouvent en compétition vis-à-vis du même homme

 

 

Camille


La sœur de Mathilde est le prototype de la grande sœur qui est jalouse, sans doute à tort, de sa petite sœur.

Elle apparait comme dominatrice, mais n’est-ce pas plutôt Mathilde qui se met constamment en position de servitude vis-à-vis d’elle.

 

Son engagement dans la résistance est peut-être factice mais elle apparait, comme les Jeunesses hitlériennes, comme une jeune femme persuadée du bon droit de la cause qu’elle prétend défendre.

Les personnages

Personnages principaux

 

Alexandra Von Humboldt : nièce et femme du général Gérald Von Humboldt.

 

André Helmont : hôtelier résistant, père de Lucie, propriétaire du "Bon canard"

 

Camille Guillon : sœur de Mathilde, ouvrière dans le camp de travail de Calmbach

 

Franck  Schütz   : Colonel de la Wehrmacht

 

Gérald  Von Humboldt : général de la Wehrmacht

 

Graziella : juive polonaise, ouvrière dans le camp de Calmbach

 

Hannah : captive juive

 

Hertha : commandant médecin de la Wehrmacht

 

Hilde : amie d’Alexandra Von Humboldt

 

Magda  Kreuler : fermière allemande

 

Marie : infirmière dans le camp de Calmbach

 

Mathilde Guillon : sœur de Camille, ouvrière dans le camp de travail de Calmbach

 

Olga Kruffert : petite amie d'Alexandra

 

Lucie Helmont : fille d'André Helmont

 

Wilhelm Benauer : lieutenant de la Wehrmacht

 

Pierre Mangevin : prisonnier de guerre

Les illustrations

V19-2745 Berlin musée de histoire allemande exposition sur la république de Weimar photo et propagnade nazi

Photo Michel Ledeuil: expostion sur la répulique de Weimar à Berlin

Cette photo a été prise le jour des élections pour le renouvellement de l'Assemblée nationale au Reichstag.

 

La liste numéro 1 a pour tête de liste Adolf Hitler. Goebbels apparait en quatrième position

 

Les chemises brunes portent l'affiche représentant Hitler au côté du vieux maréchal Hindenburg qui est le président de la République de Weimar.

Un autre porteur d'affiche représente la liste numéro 5.


 

 V19-2740 Berlin musée de histoire allemande exposition sur la république de Weimar

Photo Michel Ledeuil : exposition dans le musée historique à Berlin

Les électeurs font la queue devant un bureau de vote. L'attitude de chaque personne est très intéressante.

 

La gravité et la méfiance dominent. La dame, sans doute de la bourgeoisie ne cache pas son inquiétude et sa répugnance. Derrière elle, un vieux monsieur semble découvrir les chemises brunes avec curiosité. 

 

Il y a une dizaine de listes que les électeurs doivent départager, mais le résultat ne fait aucun doute.

 

La photo ci-contre présente un bulletin de vote avec la liste que l’on doit cocher pour exprimer son choix. Le résultat cèlera la fin de la République de Weimar.    

V19-3035 Berlin musée de histoire allemande   carte dadhésion

photo michel Ledeuil musée historique de Berlin

Les Jeunesses hitlériennes ont été créées en 1925, mais c’est à partir de 1933, lors de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, qu’elles prennent leur véritable essor.


L’endoctrinement se fait dès l’âge de 14 ans avec des exercices militaires pour les garçons et des pratiques sportives et ménagères pour les filles qui doivent être avant tout de bonne future mère et des épouses soumises.

La procréation de la race supérieure et la haine des juifs et des ennemis de l’Allemagne sont les seuls objectifs de l’éducation qu’elles reçoivent


Le mariage doit se faire au plus tard vers vingt ans et suivre des études est très mal vu du pouvoir et du voisinage. C’est dans ce contexte qu’Alexandra a pu bénéficier de la protection de son oncle, général de la Wehrmacht, qu’elle épousa par la suite.

 

Olga et Hilde n’ayant pas eu d’enfants ont sans doute bénéficié de protection en étant formatrices dans un collègue chargé de la formation d’autres jeunes filles du peuple. Olga devient d’ailleurs rapidement cheftaine et profite librement du pouvoir qu’on lui octroie.


La haine des juifs, celle des ennemis du Reich, à l’intérieur comme à l’extérieur les amènent à dénoncer, sans regret, tout comportement qui ne soit pas en adéquation avec la règle imposée.


Il est probable que Konrad, le frère aîné d’Alexandra, ait été rapidement enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes.

L’admiration qu’Alexandra a pour son frère devenu commandant de chars puis colonel est certainement due au fait qu’ils partagent les mêmes passions et ne doutent pas de la parole du Führer. 

 

Les victoires rapides de l'armée contre les Polonais et contre les Français, puis deux années plus tard contre les bolcheviques viennent conforter leurs convictions premières dans la suprématie de la nation allemande.

 

Voici deux affiches de propagandes représentant l'idéal auquel les jeunes garçons et les jeunes filles doivent s'identifier.

 L'uniforme est de mise. Une tenue brune prémisse de la tenue militaire pour le garçon et une tenue de future bonne épouse respectable pour la fille avec un chemisier et une jupe longue bleu marine.


Ils sont blonds tous les deux avec une coiffure soignée. Le fond des affiches est significatif. Le führer chef de la nation et de l'armée pour le garçon, la foule nombreuse pour la fille qui devra procréer pour développer la race supérieure.

V19-3030 Berlin musée de histoire allemande    affiches de propagande

Photo Michel Ledeuil : musée historique national de Berlin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Contexte historique

Le roman « Mathilde » s’appuie sur un fonds historique sur une période allant du 4 octobre 1943 au 7 novembre 1947.

 

En 1943, de nombreux camps de travail ou d'extermination existent un peu partout en Allemagne et dans ses nouvelles possessions, en Pologne notamment.

Beaucoup de déportés, notamment lorsqu'ils sont d'origine juive, sont exterminés dès leur arrivée au camp.

La foule des personnes est acheminée vers le sous-sol, sous prétexte de se dévêtir avant de prendre une douche.

Elles seront gazées quelques minutes plus tard selon un horrible protocole.

 

V19-3045 Berlin musée de histoire allemande    camp dextermination

Photo Michel Ledeuil : maquette dans le musée de l'histoire à Berlin

 

Cependant, une sélection rapide s'opère à l'entrée du camp à partir de simples critères.

La jeunesse, la robustesse, le fait d'avoir un métier utile, la beauté pour les jeunes femmes, permet à certains prisonniers  d'être transferés dans d'autres camps. Ils participent alors à l'effort de guerre car l'Allemagne nazie a besoin de bras pour travailler dans les usines d’armement.

 

Dans ce roman, le commandant médecin Hertha faisait partie du comité de sélection avant de rejoindre le camp de travail. Il est probable que la Polonaise Graziéla, d'origine juive, a perdu toute sa famille et n'a dû son salut qu'à sa jeunesse et à son métier d'infirmière.

 

 

 illustration dun camp de travail pour femmes

Photo d'illustration ouvrières dans un camp de travail  

 

En 1943, la période des succès est terminée pour les troupes allemandes. Rien n’est encore joué mais le repli s’organise sur les différents fronts. En Afrique du Nord et en Russie notamment.

 

Les bombardements anglais et américains des villes allemandes sont devenus quotidiens. Il s’agit le plus souvent de semer la terreur parmi la population et parfois pour des aspects stratégiques lorsqu’il s’agit de détruire des installations portuaires, ferroviaires ou des usines.

 

À titre d’exemple, le bombardement d’Hambourg a lieu de 27 juillet 1943. Le nombre de civils tués dépasse les cinquante milles. Pour rendre plus poignante la désolation dans laquelle se trouvent les populations, je conte dans ce roman la mort de la sœur enceinte, Gunhild, et la mère de Franz.

 

destruction dHambourg le 25 juillet 1943

photo d'illustration : le bombardement de Hambourg en juillet 1943



destruction dHambourg août 1943

photo d'illustration : ruines de Hambourg après le bombardement anglais

 

 

J’ai situé le camp de travail dans la région de Calmbach, au nord de la Forêt Noire. Les troupes américaines prennent Strasbourg le 23 novembre 1944. Le général Pach passe le Rhin vers Karlsruhe et les troupes alliées privilégient l’encerclement de la Ruhr qui reste le dernier poumon industriel de l’Allemagne.

 

Les Américains arrivent aux alentours de Calmbach fin mars 1945, c’est-à-dire cinq semaines avant la signature de l’armistice. Le Colonel qui dirige le camp sait que la guerre est perdue et il cherche, comme de nombreux autres officiers supérieurs, à fuir le théâtre des combats en partant vers des pays neutres. La Suisse est la plus proche.

 

Les jeunes gens engagés dans l'opération suicide par Hitler lors du blocus de Berlin ont tous été tués ou faits prisonniers. Les jeunes femmes sont, pour la plupart, violées par les occupants.

Pour les anciennes Jeunesses hitlériennes, le risque de se voir condamnées ou exécutées est fort. Il est important, soit de cacher son passé, soit de s’enfuir comme Olga ou Alexandra ou de trouver une protection comme Hilde qui se marie avec un agent qui travaille pour l'occupant russe à Vienne.

 

La recherche des anciens nazis commence et ils sont parfois traînés en justice. Beaucoup d’entre eux se sont suicidés, d’autres se cachent, changent d’identité, fuient à l’étranger.

 

En France, on condamne les « collaborateurs » et les « résistants de la dernière heure » gèrent leurs querelles locales en fusillant leurs « ennemis » et tondent et maltraitent les jeunes femmes accusées, souvent à tort, d’avoir forniqué avec l’occupant.

 

Sans vouloir gommer les actes de courage de certains, mis en exergue après la guerre par les gaullistes et surtout par les communistes et magnifiées par de nombreux films, je conte plutôt, dans ce roman, les règlements de compte ou exécutions sommaires trop souvent restés impunis.


Je termine ce roman en novembre 1947. A cette époque l'ordre est à peu près rétabli en France et dans les pays de l'ouest, alors que la guerre civile fait rage en Grèce et que la moitié de l'Europe tombe sous le joug des bolchéviques.


 

Commentaires des lecteurs

 

  • Julien.

J'ai adoré le nouveau style de ce roman. Mathilde est adorable, impertinente parfois, pleine d'humour.

Sa confrontation avec sa sœur et avec Alexandra est intéressante.

Je comprends que Franz tombe amoureux d'elle.