Héra

Héra est la sœur et l’épouse respectée de Zeus. Elle est la protectrice du mariage et des épouses légitimes. Elle est vénérée dans toute la Grèce et la principale cérémonie lui rendant hommage est effectuée en souvenir de son mariage avec Zeus.

Une déesse vénérée

Héra était la seule parmi les déesses de l’Olympe à avoir l’honneur de se trouver aux côtés de Zeus en tant qu’épouse. Comme son époux, elle était la fille de Cronos et de Rhéa.

Selon la tradition, elle serait née à Samos où les habitants lui ont construit un sanctuaire appelé l’Héraion.  

 

On raconte que, bien avant de devenir les maîtres de l’Olympe, le frère et la sœur s’aimaient déjà et avaient des rendez-vous amoureux à l’insu de leurs parents. C’est aux environs d’Argos qu’ils eurent pour la première fois des rapports amoureux et que Zeus promit à sa sœur de l’épouser.

Les Argiens élevèrent à cet endroit un temple d’Héra dont on peut voir encore aujourd’hui les soubassements dans un vaste sanctuaire édifié en palier sur une colline située à une dizaine de kilomètres de la ville moderne d’Argos.

L’union sacrée des deux dieux a été interprétée comme le symbole de la fécondité de la terre comme le rapporte Homère dans l’Iliade (chant XIV vers 152 – 353).    
 
Le couple a eu plusieurs enfants : Arès, Hébé, Eileithyia et peut-être Héphaïstos, bien que certains auteurs prétendent qu’il serait né d’Héra par parthénogenèse lorsqu’Athéna naquit de la tête de Zeus.

Alors qu’Arès passe le temps à se quereller avec les autres dieux et qu’Héphaïstos ne cherche qu’à se venger de sa mère avant qu’il épouse Aphrodite, les deux filles sont source de bonté.

Hébé est la déesse de l’éternelle jeunesse alors qu’Eileithyia présidait aux accouchements et assurait donc la continuité de la vie sur terre.


Une femme respectée par son mari 

Zeus lui est infidèle mais il respecte Héra dont il craint les colères. Il s’oppose rarement à elle surtout lorsqu'elle est furibonde.

 

Ils agissent d’ailleurs le plus souvent de concert. Durant la gigantomachie, elle attaque avec ardeur l’un des géants qu'elle transperce de sa lance.

 

Elle gère l’Olympe comme une femme d’intérieur et Zeus ne peut que s’en réjouir. Elle est volontaire, ordonnée, maternelle.

 

Elle est parfois ornée de ses attributs : le diadème royal et le sceptre, mais les différentes têtes retrouvées lors des fouilles archéologiques la représente avec un visage lisse et bien fait, des cheveux longs tressés retenus par un ruban.

            tête dHéra

Un caractère bien trempé

Héra est une épouse fidèle. On ne lui connaît aucune aventure amoureuse. Jalouse, elle ne pouvait supporter les infidélités de son mari dont on connaît les maintes aventures.

Les disputes du couple divin dégénéraient alors en bagarres d’une extrême violence. Certains auteurs prétendent qu’Héphaïstos, encore enfant, est tombé de l’Olympe lors d’une altercation et serait devenu boiteux à la suite de cette chute.  

 

Rancunière envers son mari, Héra s’acharnait contre les maîtresses et les enfants illégitimes de celui-ci. De nombreux héros de la mythologie furent ainsi la cible de sa fureur.

 

Héra pourchasse Léto

Zeus eut une aventure amoureuse avec Léto. Lorsque la déesse fut enceinte, elle quitta l’Olympe pour fuir les colères d’Héra, mais celle-ci la pourchassa au moment de l’accouchement.

Léto alla en Attique, dans l’île d’Eubée, puis en Trace mais à chaque fois, Héra menaçait les habitants qui refusaient d’accueillir l’amante de Zeus.

 

Léto s’enfuit alors vers l’île d’Ortygie qui aurait été créée par sa sœur Astéria. Cette île voguait au gré des flots et le dragon Python qu’Héra avait lancé à la poursuite de Léto ne put la découvrir.

La déesse put ainsi mettre au monde ses deux enfants Artémis et Apollon et l’île qui était jusqu’à présent flottante et stérile. Se fixa aux fonds marins et changea de nom. Elle s’appela Délos.

 

Héra, furieuse de n’avoir pu empêcher l’enfantement, continua d’harceler Léto. Alors que celle-ci se trouvait en Asie Mineure au bord d’un étang, elle ne put se désaltérer car, sur l’ordre d’Héra, les bergers avaient troublé l’eau. Mourant de soif, Léto n’eut pas le choix. Elle transforma les bergers en grenouilles et l’eau redevint calme.

 

Plus tard, Héra suscita la passion du géant Tithos pour Léto et il essaya d’abuser d’elle, mais Apollon, aidé par sa sœur Artémis, parvint à tuer le géant de ses flèches.

Zeus lui-même dut intervenir pour que son épouse se calme et laisse enfin Léto en paix.

 

Héra et la pomme de la discorde

Héra se disputait souvent avec Athéna et Aphrodite qui se prétendait la plus à même de séduire un simple mortel. Zeus, pour les départager, leur conseilla de se rendre au pied du mont Ida où Pâris, le fils de Priam, conduisait ses troupeaux.

 

Guidées par Hermès, les trois déesses se présentèrent devant Pâris dans leur nudité, sauf Athéna, toujours pudique et chacune lui offrit un cadeau pour tenter de fléchir son choix.


Héra lui promit la souveraineté sur l'Asie et sur l'Europe, Athéna, la gloire des guerriers, et Aphrodite, la main de la plus belle des femmes : Hélène la reine de Sparte.

 

Ce fut à cette dernière que Pâris offrit la pomme d'or, mais, jalouses de n'avoir point été choisies, Athéna et Héra témoignèrent à l'avenir, d'une haine farouche à l'égard de Pâris et de la ville de Troie.


Héra durant la guerre de Troie

Lors de la guerre de Troie, les dieux de l’Olympes se divisèrent en deux clans. Héra et Athéna qui n’avaient pas oublié l’affront que leur avait fait Pâris prirent constamment le parti des Grecs alors qu’Aphrodite et son amant Arès défendirent les Troyens.

 

Poséidon changeait de camp au gré de ses passions du moment alors que Zeus tergiversait. Héra savait que la mère d’Achille, Thétis, avait supplié Zeus de laisser en vie le héros grec, mais Zeus était persuadé que si Hector mourait au cours de leur duel, Troie serait perdu. Son influence sur l’Asie Mineure serait alors menacée par d'autres dieux, celui des Hittites.

Alors que Zeus observe le combat et qu’il hésite encore sur son issue, Héra vint à lui et détourne son attention en se faisant voluptueuse et aimante. Elle connaît les penchants de son mari et elle en profite cette fois pour assouvir sa haine contre Pâris et les Troyens.  


Une métope d’un des temples de Sélinonte en Sicile nous présente le moment fatidique où Héra détourne l’attention de son mari Zeus en enlevant sa tunique et en se proposant à lui.


Zeus, qui observait le combat entre Achille et Hector qui se déroule à cet instant, abandonne le chef troyen à son sort et Hector va mourir.

 

 

      

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Photo M. Ledeuil : Métope exposée dans le musée Archéologique de Palerme

Héra et Alcmène

La douce et voluptueuse Alcmène, la femme vertueuse d’Amphitryon, avait été remarquée par Zeus qui scrutait les belles mortelles du haut de l’Olympe.

Pour profiter de son corps, dans une nuit d’amour, il imagina, avec la complicité d’Hermès, un stratagème. Il provoqua une guerre entre Thèbes et Athènes, ce qui lui était facile compte tenu du caractère belliqueux des Grecs anciens.

Après avoir serré, une dernière fois, dans ses bras sa jeune femme éplorée, Amphitryon partit à la tête de ses troupes. 

Il mit en déroute l'armée de Corinthe qui s'était alliée à Athènes et pénétra en Attique. Il était accompagné de son fidèle écuyer Sosie.

 

Un soir, alors qu'Alcmène allait renvoyer ses suivantes et souffler les bougies qui illuminaient sa chambre, Sosie vint la prévenir que son mari, allait venir l’honorer cette nuit même, avant de repartir sur le champ de bataille.

Mais le messager était Hermès. Il avait pris les traits de Sosie et, pour profiter d'Alcmène, Zeus se déguisa en Amphitryon.

Sans rien deviner de la supercherie, la jeune femme accepta, au cours de la nuit, les caresses de l’homme qui vint à elle et la pénétra au cours d’une folle étreinte.

Lorsque le véritable Amphitryon revint, victorieux, quelques jours plus tard, Alcmène ne lui témoigna pas autant d'enthousiasme qu'il l'avait espéré en disant qu'elle ne souhaitait pas entendre une deuxième fois le récit de ses exploits.

Elle accepta tout de même de bonne grâce les assauts amoureux de son mari.

 

Neuf mois plus tard, Alcmène donna naissance à des jumeaux : Héraclès, le fils de Zeus et Iphiclès, le fils d’Amphitryon. Zeus se vanta d’avoir ainsi généré un fils qui régnerait sur tous les autres hommes.

 

Lorsqu’elle apprit cette nouvelle infidélité de son mari, Héra entra dans une vive colère, et envoya deux énormes serpents dans la chambre où dormaient les jumeaux, pour les étrangler.

 


A leur vue, Iphiclès, terrorisé, se mit à pleurer alors qu’Alcide se saisit des serpents à la gorge et les étouffa. Amphitryon et Alcmène furent tout surpris de ce prodige, mais, instruits par Hermès du subterfuge, ils acceptèrent le don de Zeus.

        

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Photo Michel Ledeuil : Palazzo Vecchio à Florence 

Les sanctuaires d'Héra

812-voy2008 HéraionPhoto Michel Ledeuil : sanctuaire de la Déesse Héra à Argos 

                        

De nombreuses cités ont érigé des temples en son honneur, mais c’est la ville d’Argos qui est sa préférée.

 

Les principaux temples que l’on peut découvrir sont à Olympie, à Samos, à Paestum et à Agrigente et Sélinonte en Sicile.

 

Les temples situés en Italie, bien qu'ils aient été élevés par les colons grecs entre 550 et 400 av. J-C. sont désignés sous le nom romain de la déesse; c'est à dire Junon. 

 

La photo ci-contre donne une vue sur le soubassement du grand temple d'Héra dans le sanctuaire de la déesse située à une dizaine de kilomètres d'Argos

 

Héra combat contre les Géants Delphes

 Photo Michel ledeuil : musée de Delphes

                                                                                                       

ITA04 114 Agrigento JunonPhoto Michel Ledeuil : Temple de Junon (Héra) à Agrigente en Sicile

 

A gauche, Héra déterminée et vaillante durant la bataille contre les Géants perce de sa lance un des Géants déjà à terre.

Ci-dessus, le temple de Junon (Héra) situé dans la vallée des Temples à Agrigente en Sicile.

 

ITA04 162 PaestumPhoto Michel Ledeuil : temple à Paestum en Italie au sud de Naples

 

Ci-dessus le nouveau temple d'Héra à Paestum. La ville antique de Paestum dispose d'un ensemble de 3 temples dont deux consacrés à la déesse Héra et un à Déméter, la déesse de la fertilité et de l'agriculture. Ci-contre, l'une des nombreuses statues représentant la déesse Junon à l'époque romaine.

                                                                                                                                                                                                                                                                       

statue dHéra

 Photo Michel Ledeuil Alte museum à Berlin