Contexte historique

Le roman « Mathilde » s’appuie sur un fonds historique sur une période allant du 4 octobre 1943 au 7 novembre 1947.

 

En 1943, de nombreux camps de travail ou d'extermination existent un peu partout en Allemagne et dans ses nouvelles possessions, en Pologne notamment.

Beaucoup de déportés, notamment lorsqu'ils sont d'origine juive, sont exterminés dès leur arrivée au camp.

La foule des personnes est acheminée vers le sous-sol, sous prétexte de se dévêtir avant de prendre une douche.

Elles seront gazées quelques minutes plus tard selon un horrible protocole.

 

V19-3045 Berlin musée de histoire allemande    camp dextermination

Photo Michel Ledeuil : maquette dans le musée de l'histoire à Berlin

 

Cependant, une sélection rapide s'opère à l'entrée du camp à partir de simples critères.

La jeunesse, la robustesse, le fait d'avoir un métier utile, la beauté pour les jeunes femmes, permet à certains prisonniers  d'être transferés dans d'autres camps. Ils participent alors à l'effort de guerre car l'Allemagne nazie a besoin de bras pour travailler dans les usines d’armement.

 

Dans ce roman, le commandant médecin Hertha faisait partie du comité de sélection avant de rejoindre le camp de travail. Il est probable que la Polonaise Graziéla, d'origine juive, a perdu toute sa famille et n'a dû son salut qu'à sa jeunesse et à son métier d'infirmière.

 

 

 illustration dun camp de travail pour femmes

Photo d'illustration ouvrières dans un camp de travail  

 

En 1943, la période des succès est terminée pour les troupes allemandes. Rien n’est encore joué mais le repli s’organise sur les différents fronts. En Afrique du Nord et en Russie notamment.

 

Les bombardements anglais et américains des villes allemandes sont devenus quotidiens. Il s’agit le plus souvent de semer la terreur parmi la population et parfois pour des aspects stratégiques lorsqu’il s’agit de détruire des installations portuaires, ferroviaires ou des usines.

 

À titre d’exemple, le bombardement d’Hambourg a lieu de 27 juillet 1943. Le nombre de civils tués dépasse les cinquante milles. Pour rendre plus poignante la désolation dans laquelle se trouvent les populations, je conte dans ce roman la mort de la sœur enceinte, Gunhild, et la mère de Franz.

 

destruction dHambourg le 25 juillet 1943

photo d'illustration : le bombardement de Hambourg en juillet 1943



destruction dHambourg août 1943

photo d'illustration : ruines de Hambourg après le bombardement anglais

 

 

J’ai situé le camp de travail dans la région de Calmbach, au nord de la Forêt Noire. Les troupes américaines prennent Strasbourg le 23 novembre 1944. Le général Pach passe le Rhin vers Karlsruhe et les troupes alliées privilégient l’encerclement de la Ruhr qui reste le dernier poumon industriel de l’Allemagne.

 

Les Américains arrivent aux alentours de Calmbach fin mars 1945, c’est-à-dire cinq semaines avant la signature de l’armistice. Le Colonel qui dirige le camp sait que la guerre est perdue et il cherche, comme de nombreux autres officiers supérieurs, à fuir le théâtre des combats en partant vers des pays neutres. La Suisse est la plus proche.

 

Les jeunes gens engagés dans l'opération suicide par Hitler lors du blocus de Berlin ont tous été tués ou faits prisonniers. Les jeunes femmes sont, pour la plupart, violées par les occupants.

Pour les anciennes Jeunesses hitlériennes, le risque de se voir condamnées ou exécutées est fort. Il est important, soit de cacher son passé, soit de s’enfuir comme Olga ou Alexandra ou de trouver une protection comme Hilde qui se marie avec un agent qui travaille pour l'occupant russe à Vienne.

 

La recherche des anciens nazis commence et ils sont parfois traînés en justice. Beaucoup d’entre eux se sont suicidés, d’autres se cachent, changent d’identité, fuient à l’étranger.

 

En France, on condamne les « collaborateurs » et les « résistants de la dernière heure » gèrent leurs querelles locales en fusillant leurs « ennemis » et tondent et maltraitent les jeunes femmes accusées, souvent à tort, d’avoir forniqué avec l’occupant.

 

Sans vouloir gommer les actes de courage de certains, mis en exergue après la guerre par les gaullistes et surtout par les communistes et magnifiées par de nombreux films, je conte plutôt, dans ce roman, les règlements de compte ou exécutions sommaires trop souvent restés impunis.


Je termine ce roman en novembre 1947. A cette époque l'ordre est à peu près rétabli en France et dans les pays de l'ouest, alors que la guerre civile fait rage en Grèce et que la moitié de l'Europe tombe sous le joug des bolchéviques.