Millais John Everett

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John Everett Millais est né en 1829 à Southampton. Il est avec William Hunt et Rossetti l’un des fondateurs de la confrérie des préraphaélites. Il devint rapidement un peintre et illustrateur reconnu.

 

Ses origines

Son talent précoce lui valut d’être admis dans l’école de la Royal Académie et il se lie très vite avec Willima Holman Hunt et dans Gabriel Rossetti avec qui il forma la confrérie préraphaélite en 1848.

Les débuts difficiles

Ses premières œuvres furent accueillies très fraîchement par la critique. Il s'agit de Isabella et Lorenzo, réalisé en 1849 et exposé à Liverpool ainsi que La maison du christ en 1849 exposé à la Tate Gallery à Londres.

Lorenzo et Isabella

Lorenzo et Isabella, réalisé en 1849

     

 Millais-christ-in-the-house-of-his-parents

Le Christ dans la maison de ses parents, réalisé en 1849

Ce tableau d'expression médiévale aborde le thème de l'amour courtois et de la jalousie dans une famille noble.

Isabella accepte de prendre une friandise que lui tend son voisin de table et elle caresse de manière distraite sa levrette. La jalousie s'exprime par l'autre jouvenceau qui donne un coup de pied au chien pour montrer son dépit.

Les autres convives sont figés dans leurs attitudes et ramène notre attention sur les personnages du premier plan.   

 

 

Rien ne permet de retrouver dans ces personnages, la Sainte Famille.

Le thème de l'adolescence du Christ n'est pas souvent abordé par les artistes et peut surprendre de la part d'un peintre préraphaélite qui veut, au contraire, promouvoir la manière de peindre avant Raphael.

Un Joseph chauve, une Marie agenouillée devant son fils, avec des habits aux couleurs non conventionnelles et l'attitude figée des personnages sont insolites et peu appréciés par les critiques de l'époque.

 

Réorientation de son œuvre et le succès

En 1852, il peint deux tableaux qui seront des grands succès, grâce à une série de critiques très favorable. Il s’agit du très célèbre tableau représentant la mort d’Ophélie et celui qui nous montre  “un Huguenot, le jour de la Saint-Barthélemy”.

Un huguenot le jour de la saint-barthélémy-1852

 

                  

Ce tableau dépeint un jeune couple qui s'étreint. Millais voulait faire de ce tableau un simple rendez-vous amoureux, mais son ami William Hunt, lui signala, à juste titre, que ce thème était trop banal pour retenir l'attention des critiques.

 

Ecoutant le conseil, Millais ajouta une intrigue à cette étreinte. Le jeune homme est un huguenot et se trouve donc en danger dans un pays ravagé par les guerres entre les catholiques réunis autour d'Henri de Guise et les protestants.

 

Un attentat a eu lieu il y a deux jours contre le chef des protestants, l'amiral De Coligny et l'effroyable drame de la nuit de la Saint-Barthélemy est en préparation dans les alcôves du Louvre.

   

La jeune femme doit être une suivante à la cour et a des soupçons.

Elle craint pour la vie de son amoureux et essaie de le convaincre de porter un brassard blanc, afin de proclamer publiquement son adhésion à la foi catholique.

 

Mais le jeune homme, trop confiant, enlève le brassard avec gentillesse, en utilisant la même main avec laquelle il serre son amoureuse.

 

Il sera, comme tant d'autres, assassiné dans la nuit. L'expression suppliante de la jeune femme donne une image poignante à la scène.

 

Ophélie est représentée par Elizabeth Siddal qui est le modèle préféré de Dante Gabriel Rossetti qu'elle épousera en 1860.

 

Ce tableau représente la mort par noyade d'Ophélie qui se croît repoussée par Hamlet. Il a eu un succès fulgurant car il réunit tous les ingrédients du romantisme.

 

Ophélie est la fille de Polonius, le conseiller du roi de Danemark. Elle noue une idylle avec Hamlet, le fils du roi. Hamlet qui simule la folie pour découvrir qui est l'assassin de son père, la repousse sans ménagement.

 

Ophélie apprend que son propre père, Polonius, qui craint qu'Hamlet profite d'elle avant de l'éconduire. Elle est désespérée, sombre dans la folie et se suicide.

 

         Ophelie représentée par Elisabeth Siddal

Elle est entourée de fleurs qu'elle a cueillies elle-même, au milieu d'un décor champêtre. Millais réalisa le paysage dans un décor naturel et le visage de Siddal fut peint dans son atelier.

 

Son mariage avec Ellie Gray

Effie Grayen 1860

Portrait académique d'Euphemia Gray réalisé en 1860

    

 

Il a épousé Euphemia Chalmers Gray après que celle-ci ait été répudiée par John Ruskin en 1854, pour des raisons restées obscures puisqu'après 5 ans de mariage, elle était toujours vierge.

 

Il a réalisé un tableau de sa jeune épouse lorsqu'elle a 32 ans.

 

 

Sous l’influence de sa femme Elly Gray qui lui donne de nombreux enfants, il réalisera dorénavant de nombreux tableaux qui se vendent bien en alternant des sujets historiques des scènes inspirées des légendes ou poèmes et des thèmes très contemporains.

 

 

 
   

427px-Millais - Self-Portrait

auto portrait de John Everett Millais

 

Quelques oeuvres de l'artiste

Edouard V et son frère - 1874        Mariane         John Everett Millais The Black Brunswicker

Millais a représenté les deux jeunes princes : Édouard V, âgé de 13 ans, roi d’Angleterre pendant deux mois seulement et son frère cadet Richard de Shrewbury.


L’attitude fière et juvénile rend plus poignante encore la fin dramatique des princes qui furent enfermés dans la tour de Londres par leur oncle, le futur Richard III avant d’être assassinés sur son ordre.

Dans ce tableau, Millais interprète un poème écrit par Tennyson : Mariana.

Marianne a été abandonnée par son fiancé et elle s'interroge sur elle-même. Elle a la tête en arrière et se tient les hanches comme si elle avait mal au dos, signe d'une déprime profonde. 

Elle est dans un boudoir et la fenêtre laisse passer les couleurs de l'automne, ce qui rajoute encore à la mélancolie. Le décor est typiquement préraphaélite. 

Ce merveilleux tableau a été réalisé en 1850. Nous sommes à la veille de la célèbre bataille de Waterloo. L'officier fait partie de l'armée prussienne alors que sa fiancée est anglaise.

Le jeune homme tire la porte de sa main pendant qu'elle essaie de la retenir. Tu ne pars pas semble-t-elle lui signifier mais le devoir est là. Nous pouvons seulement espérer qu'il ne fera pas partie des victimes de cette énorme boucherie.

 

the waiting woman

the waiting woman réalisé par Millais
           

La jeune femme est assise sur un escalier de bois le long d'un mur. Elle guette quelqu'un avec un brin d'impatience et d'inquiétude.

 

Ce tableau a été réalisé par Everett Millais en 1854. Il n'est donc pas encore marié avec Euphemia Chalmers car le divorce avec son premier mari John Ruskin traîne en longueur.

La signification de cette oeuvre n'est pas claire, mais il n'est pas impossible qu'il soit le symbole de l'attente d'une venue prochaine et tant espérée par Ellie.

 

Le personnage se situe au milieu d'un paysage bucolique mais il souligne également la transition entre le premier plan assez flou et le sous-bois, laissant place au bonheur que l'on peut atteindre par l'escalier de bois où la jeune femme attend. 

 

Une barrière en bois, mal définie, démontre que toutes les difficultés pour accéder au bonheur ne sont pas encore aplanies mais on peut déjà se faufiler pour arpenter l'allée ombragée. 

 

 

Durant la période allant de 1850 à 1860, John Everett Millais réalise de très nombreuses illustrations pour des livres.

 

La photographie n'est pas encore suffisamment maîtrisée et il s'agit donc de l'âge d'or pour les illustrations des couvertures et de gravures insérées dans les livres.

 

Tous les artistes préraphaélites excelleront dans cette technique particulière qui leur permet de gagner de l'argent en peu de temps et de réaliser des esquisses de tableaux qu'ils réaliseront pour des mècènes. 

 

The lost piece of silver est un bon exemple du travail qu'il effectua à partir de 1857. Il était alors mandaté pour illustrer "The parables of our Lord and saviour Jesus Christ" et termina son travail à la publication de cet ouvrage en 1863.

 

Les dessins réalisés à l'encre noire mettent en avant la gestuelle et le contraste entre des zones de lumière intenses et des zones d'obscurités.

 

          illustration

 

La recherche du passage du Nord-Ouest pour contourner le Canada par le nord a généré l'organisation de nombreuses expéditions maritimes. Mais ce fut une série d'échecs car la banquise reprenait vite le dessus et les différents détroits que comporte cette région au nord du Labrador restaient difficiles pour la navigation des grands voiliers de l'époque.

La passage du nord-ouest

Le passage du nord-ouest réalisé par John Everett Millais 

         

 

Deux expéditions sont restées dans l’histoire britannique. Celle menée par John Franklin en 1845 fut une catastrophe, puisque l’on n’a retrouvé aucune trace des deux navires et des hommes d’équipage malgré les expéditions de secours lancées à leur recherche.

Celle de McClure qui partit à la recherche des rescapés de la précédente ne fut pas non plus une réussite.

Les navires furent bloqués durant trois hivers près de l’île Banks et McClure et son équipage furent retrouvés, mourant de faim, par des hommes partis en traîneau.


Cette alternative au détour du cap Horn ou au futur passage par l'isthme de Panama ne fût jamais exploitée.


Ce tableau réalisé en 1874 évoque la frustration britannique après cette série d’échecs. La jeune femme tient d’une main le vieil homme désabusé. Elle regarde un livre qui présente cette partie du globe qui restait à découvrir.

 

 

En 1896, il fut élu président de l'Académie royale après la mort de Frederic Leighton, mais décédera la même année d'un cancer de la gorge.