Surcouf

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Robert Surcouf, surnommé le « roi des corsaires », naquit à Saint-Malo le 12 décembre 1773. Descendant d’une famille irlandaise émigrée en France vers 1642, lors de la première révolution d’Angleterre, il commença à naviguer dès l’âge de treize ans.

Les premiers exploits

À vingt-deux ans, il commande l’Émilie, navire de 180 tonneaux, armé de quelques canons avec lequel il pratique la course dans l’Océan Indien. Au cours de cette campagne, il capture plusieurs navires et c’est à bord de l’une de ses prises, le « Cartier » qu’il se lancera à l’abordage du Triton qui appartient à la Compagnie Anglaise des Indes.

 

C’est un premier exploit d’autant plus remarquable que Surcouf ne disposait que de dix-neuf hommes et de quatre pièces de canon alors que le Triton, d’un tonnage beaucoup plus important que celui du Cartier, avait un équipage de cent cinquante hommes et un armement comprenant une trentaine de canons de gros calibre.

 

À son retour à l’Ile de France , il dut défendre ses droits sur ses prises et dut se rendre en France où justice lui fût rendue par le conseil des Cinq-cents car ses prises avaient contribué à sauver la Colonie de la famine qui la menaçait à cause de la suprématie anglaise sur les mers dans cette région du Globe.

 

Surcouf repartit bientôt pour l’Océan Indien à la barre d’un bateau corsaire nantais. Il s’agissait d’un solide trois-mâts portant quatorze canons et cent quarante hommes d’équipage. Pendant deux longues années, La Clarisse tira de bords sous les tropiques en faisant de nombreuses prises, mais les avaries éprouvées au cours de ces longues croisières nécessitèrent une refonte complète du navire.  

La prise du Kent

Surcouf accepta le commandement d’un autre trois-mâts arrivé récemment de Bordeaux. « La Confiance » disposait de dix-huit canons et de cent soixante hommes d’équipage compléter de vingt-cinq volontaires et de quelques noirs.

 

Ce fut avec ce navire qu’il captura le Kent, un vaisseau de la Compagnie anglaise des Indes lui aussi. Ce grand navire avait pour armement trente-huit pièces de fort calibre et un équipage de quatre cent trente-sept hommes.  

 

Ce fut le 7 octobre 1800 que « La Confiance » rencontra au sud des bancs de l’entrée du Gange, le « Kent » qui faisait route vers Calcutta.

 

Malgré la disproportion des forces, ce fut à l’abordage que Surcouf régla le sort du bâtiment anglais dont la résistance fut opiniâtre, mais qui dut se rendre devant la fougue des Français.

En moins d’une demi-heure, les Anglais eurent soixante-dix hommes mis hors de combat, morts ou blessés, alors que les Français n’eurent que trois tués et treize blessés.

      

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Tableau : La prise du Kent par Surcouf avec la Confiance

 

La terreur des Anglais

Cette action hissa Surcouf au rang des plus habiles et des plus audacieux corsaires de l’époque. Le Gouvernement anglais, harcelé par les armateurs et les capitaines qui étaient blessés dans leur amour propre, mit la tête du corsaire à prix.

Surcouf rentra prudemment en France avec son navire déguisé en navire marchand. 

 

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Photo Michel Ledeuil : Statue de Surcouf sur les remparts de St-Malo

     

Il se maria le 28 mai 1801 et renonça momentanément à naviguer.

Il refusa l’offre que lui fit le Premier Consul Bonaparte d’entrer dans la marine de l’État avec le grade de capitaine de vaisseau et s’occupa de la construction et de l’armement de navire.

 

Six années plus tard, le 2 mars 1807, il reprenait la mer à la barre de son nouveau navire baptisé « Le Revenant » et qui portait dix-huit canons et cent quatre-vingt-douze hommes d’équipage.   


 
Le 10 juin, il atteignit sans encombre l’Ile de France. Pendant un an, il sema à nouveau la terreur parmi les marins anglais qui fréquentaient la célèbre route des Indes.

 

 

 

Son navire étant réquisitionné pour la défense de l’île, il accepta le commandement d’un autre bâtiment « Le Charles » avec lequel il revint en France en déjouant tout au long de la route les escadres anglaises qui le recherchaient. Sa riche cargaison fut vendue à l’arrivée du navire à Saint-Malo. 

L’armateur

Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur dès la création de l’ordre, Surcouf fut également fait Baron de l’Empire par Napoléon. Il ne reprendra plus la mer.

 

Il consacrera toute son activité à l’armement des navires. Tant que la guerre fit rage avec l’Angleterre, ses corsaires sillonnèrent les mers d’Europe en capturant de nombreux navires marchands.

 

Après la fin des hostilités, en 1814, il se tourna vers l’armement commercial. Ses navires parcourent les mers du monde entier et il participe à la vie de la cité en acceptant le grade de Colonel et de commandant du corps local de la garde nationale.

 

Il mourut le 8 juillet 1827 dans sa propriété de Riancourt à Saint-Servan. Son corps fut transporté en barque jusqu’à Saint-Malo.

Après une cérémonie funéraire dans la cathédrale, qui attira une foule immense, il fut inhumé dans le cimetière malouin.  

 

 

 

 

           

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Tableau postume de Maurin réalisé en 1835