Notes de l’auteur

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Cassandre

J’ai longtemps hésité à faire le récit de la vie de Cassandre, la fille aînée de Priam, princesse troyenne, prêtresse de Loxias.

Ses démêlés avec les conseillers de son père et les prêtres imbus de leurs savoirs, son désamour avec le dieu qu’elle doit honorer, son amitié profonde pour Enée, son don de prévoir l’avenir, son assassinat à Mycènes pouvaient servir de trame à un roman qui aurait retracé les dix ans de lutte entre les Achéens et les Phrygiens. Mais ce thème, même élargi au-delà de la terrible guerre de Troie, m’est apparu un peu trop conventionnel.

Je n’ai jamais souhaité faire un livre de récits de voyage, malgré les nombreuses notes prises et mises en forme depuis plus de trente ans. Je trouvais cela peu attrayant car l’absence d’intrigues, sauf à affabuler, m’aurait amené à plagier un guide touristique illustré d’une riche expérience personnelle.

Pourtant, l’envie de flâner, par le récit, au milieu de la Toscane, dans les villes de Rome, de Vienne ou de Paris ou sur les routes du Péloponnèse, dans le temps présent, était grande.

 

Sylvia

Il me fallait une intrigue. Une jeune femme italienne, brune avec des cheveux qui frisottent, sûre d’elle-même en apparence, moqueuse, un brin hautaine, jalouse, cultivée mais non pédante, respectée pour sa compétence et son savoir, qui dirige une partie des fouilles à Epidaure.
Un jeune homme qui exerce le métier passionnant de management touristique, un brin fantasque mais très professionnel lui-aussi.
Ils ont pour point commun d’exercer un métier en relation directe avec leur passion. Ce n’est pas si fréquent. De ce fait, on a l’impression qu’ils font, en dilettante, ce qui leur tient pourtant le plus à cœur.

Il fallait qu’ils s’opposent l’un à l’autre. C’est pourquoi j’ai voulu que Sylvia soit constamment en rupture avec les récits de poétiques mythologiques que lui distille Hector. Mais cela ne me paraissait pas suffisant pour retenir l’attention d’un lecteur même averti.
Une crise de larmes à Trézène, sur le site où le drame entre Phèdre, la sœur d’Ariane, et son beau-fils Hippolyte se déroule, doit mettre le lecteur sur une première piste d’un terrible secret que Sylvia garde en elle.

Il me fallait parler de Cassandre, mais sans en faire, tout du moins en apparence, un personnage principal. Elle me sert, tout au long, du récit, comme fil conducteur et provoque, d’une manière incongrue, la jalousie de Sylvia.

 

Ismène

Il me fallait une petite sœur, blonde qui se donne une apparence de jeune femme à la page, écervelée, un brin superficielle, velléitaire, alors qu'elle est, au contraire, intelligente, cultivée et séduisante.

Jamais je n’ai pensé à tomber dans le piège d’une simple opposition entre deux sœurs qui se partageraient le même homme. Si cela doit arriver, cela est fortuit et ne doit pas bouleverser les événements.


Le choix des prénoms a son importance. Elle s’appelle Ismène, comme la sœur d’Antigone et elle en a le caractère. Elle est attachante et complexe. Elle aime la vie et n’hésite pas à quelques lâchetés pour préserver son indépendance et pour fuir les obstacles de l’existence.


Si Ismène est comme dans la célèbre tragédie qui secoue la ville de Thèbes, il ne faut pas chercher dans les agissements de Sylvia une quelconque ressemblance avec ceux d’Antigone.

 

Polycaste

Le choix de Polycaste pour le titre du roman est surprenant. Elle n’apparaît qu’une seule fois dans l’Odyssée, lors de la venue de Télémaque à la Pylos des Sables. L’idée m’est venue de lui donner consistance en pensant à la belle baignoire que les archéologues ont dégagée lors des fouilles du palais de Nestor et à la scène qui doit s’y dérouler si l’on suit le récit d’Homère.

Le roman m’a obligé à creuser certaines hypothèses, sur la genèse de la guerre de Troie et sur un grand nombre de mythes. Le stratagème de Tyndare, le père d’Hélène, le complot d’Antiloque, le fils aîné de Nestor, la stupidité d’Agamemnon, la colère de Clytemnestre, le sacrifice d’Iphigénie, la mort d’une reine des Amazones sous les murs de Troie, dont je ne connaissais même pas le nom avant de commencer le roman, la mort d’Andromaque, celle d’Ismène, les amours d’adolescents de Cassandre et d’Enée parsèment le récit.

 

Un roman d’amour

Il ne faut pas être un fanatique, ni des romans historiques, ni de la mythologie, pour parcourir ces pages et les faits qui y sont relatés, même si un grand nombre d’entre eux se déroulent autour de 1250 avant J-C.
Ils ne sont que des clins d’œil qui ne changent rien, sauf à les prendre pour révélateur, au conflit et à l’amour naissant entre Sylvia et Hector.    

J’ai fait une place particulière à Hélène de Sparte, pour rétablir l’honneur de cette belle et fière princesse qui est souillée par l’histoire rocambolesque de son enlèvement par Pâris. Cette hypothèse est si grossière qu’il m’a fallu donner une autre signification sans modifier aucunement le sens des textes sur lesquels je m’appuie.

J’ai une autre place pour Cassandre pour conter sa véritable histoire. Celle d’une princesse en butte avec le pouvoir des hommes et qui ne sait pas se taire. Cassandre devient charnelle, très moderne dans son désir d’imposer ses vues malgré son sexe.

Je n’ai pas cherché à mettre, dans les conversations d’Hector et de Sylvia, des explications sur la mythologie ou sur l’état des fouilles. Ils sont dans leur petit monde et savent donc très bien de quoi ils parlent. J’ai préféré placer, en note de bas de page, les indications nécessaires à la compréhension des faits qu’ils relatent.

L’histoire se déroule entre 1991 et 1993. Elle est donc récente et pourtant, si j’ai choisi cette période, c’est parce que l’euro et le téléphone portable n’existaient pas encore, qu’il fallait atterrir à Athènes sur le vieil aéroport et que le tourisme de masse n’avait pas pris l’ampleur qu’il occupe aujourd’hui.