Notes de l’auteur

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Amélie de Bratorgue

Pour Amélie de Bratorgue, la vie semble toute tracée. Cette princesse a pour elle la naissance qui lui confère des droits et des devoirs qu’elle est prête à assumer. Elle est belle, peine d’esprit et son caractère frondeur de l’adolescence attire, autour d’elle, moins la mésestime que le respect.

Je me suis demandé comment une jeune femme pouvait faire face à l’adversité et arriver à ses fins, sans se compromettre. Comment cette jeune princesse, malgré les difficultés liées à son sexe, pouvait dominer une situation où les chefs de guerre s’affrontent, où les alliances se font et se défont, ou les aspirations des plus humbles viennent se confondre avec l’aspiration à l’autonomie d’un peuple.


Le lot d’Amélie fut, dans l’univers réel qui fût le nôtre, celui de beaucoup de princesses ou reines de nombreux royaumes. Il leur aura fallu user de stratagèmes pour arriver à leur fin et se perdre parfois dans le dédale de leur pensée, devant la rouerie des courtisans ou la brutalité des événements.

Un roman historique

J’ai voulu décrire la confrontation, avec les mentalités de leur époque, entre cette jeune femme et un homme que tout sépare, au départ: leur naissance, leurs aspirations. Ce roman se déroule, quelque part, dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.

J’aurai pu situer la scène dans l’Empire des Habsbourg ou des Ottomans ou du Tsar, pourquoi pas, mais je ne voulais pas être contraint par le respect d’un cadre historique et de paysages existants. Le royaume de Bratorgue et le duché du Léticxia étaient clairs dans ma tête et Amélie de Bratorgue avait déjà un visage et une silhouette. Celui de Coralie de Verkerque est venu plus tard alors que, paradoxalement je n’ai découvert le physique et le caractère de Robert de Lhoonois qu’au fil du récit.

Un roman d’aventure

Cette épopée est un roman d’aventure et un roman d’amour. Il n’y a derrière les événements ou thèses avancées aucune arrière-pensée, aucun message. C’est un roman d’action, avec des fausses pistes et de nombreux rebondissements.


Les personnages, nombreux, sont, comme nous tous, amenés à faire le bien ou le mal, au fil des événements et aucun d’entre eux, sauf peut-être Marie, ne peut entraîner dans ce qu’il fait ou dit ou pense une parfaite adhésion.

Marie de Bratorgue

Au départ, Marie ne devait être qu’un personnage de second rôle. Elle était, en quelque sorte, le contraire d’Amélie et devait générer la jalousie de celle-ci avant de disparaître du décor. De bonne naissance mais écartée de la querelle dynastique, elle est bien dans sa tête et gère sa vie, ses domaines et les rapports avec les hommes de manière simple.
Son charme et son bon sens apportent de la fraîcheur au récit et m’ont détourné un long moment, avec bonheur, de la trame principale.

J’avais besoin de sa fin tragique pour justifier le changement profond de Robert. C’est la deuxième fois que la vengeance guide ses actions mais cette fois, c’est un amour fou qu’il a perdu. Avec Marie disparaît l’élément modérateur et ses pulsions naturelles prennent le dessus. Elles sont exacerbées par la disparition dramatique de l’être aimé et son désir de représailles.

Coralie de Verkerque

Coralie de Verkerque qui apparait dans le deuxième roman "La comtesse de Retiro" avait, par contre, vocation d’être l’un des principaux personnages. Elle a la blondeur de Marie. Sa beauté n’a d’égale que son intelligence. Elle aussi aurait voulu vivre simplement en administrant ses états, avoir des enfants et prolonger ainsi la dynastie de la grande famille de la noblesse dont elle est la seule fille. Mais, comme elle le dit d’ailleurs, sa vie lui a échappé à cause de ses frères, de sa vie à la cour royale, de ses rapports avec Amélie.


C’est une jeune femme attachante et complexe. Il est difficile de discerner ce qui relève de la rouerie, du désir de plaire mais non de se donner, de l’inconscience, de la volonté de paraître.


Fille d’un grand seigneur, dame de compagnie préférée d’Amélie, habituée très jeune au plaisir de la cour dont elle ne perçoit par toujours les dangers, elle réagit souvent imprudemment, par sottise ou guidée par la jalousie.


Ses rapports avec ses frères, avec Laurent notamment - son véritable amour - pas plus que les relations avec Amélie ne permettent d’affirmer qu’elle apprécie ces rapports incestueux. Elle pense puérilement que sa jeunesse, sa beauté, son esprit, son rang la protègent de la calomnie et du malheur.

C’était sans compter sur les événements qui vont se précipiter et la mettre plusieurs fois en danger de mort. Ses agissements, s’ils peuvent surprendre parfois, ne sont que des réactions, dans l’urgence, face à des situations auxquelles elle n’était pas préparée. C’est une Lucrèce Borgia bien vivante dont je me suis inspiré parfois. Coralie a sa grâce, le désir de fuir les conflits, la candeur, le sens de la répartie, l’amour des arts. Elle ne peut laisser indifférent.

Hortense de Warburg

Dès le début, j’ai souhaité qu’Hortense soit omniprésente. La demi-sœur de Robert est la seule qui doit hériter des titres des Warburgs. J’ai souhaité traiter des rapports entre son demi-frère et la sœur. Ils sont tantôt cordiaux, tantôt tendus mais le fait que Robert doive prêter hommage à sa sœur n’est jamais, pour lui-même, source de conflit.


Ils sont vécus ensemble durant toute leur enfance. Une enfance heureuse semble-t-il que l’on ne découvre que par des allusions qui sont faites tout au long du récit et qui renforce souvent le plaisir d’être ensemble.
Hortense est colérique, velléitaire, souvent dépassée par les événements, peu enclin au grand amour, frigide peut-être et elle voit, dans son demi-frère le modèle de ce que représenterait pour elle, le mari idéal. C’est ce qui les réunit.

Agnès de Ronchamps

Je me suis longtemps demandé si le personnage d’Agnès qui apparaît dans le troisième roman (La duchesse de Léticxia), avait un intérêt. Je l’ai maintenu car elle sert plusieurs fois de révélateur. Austère, égocentrique, fille de régisseur donc de petite naissance, elle est en butte avec le monde de la noblesse qu’elle côtoie mais ne dédaigne pas les avantages qu’elle tire de son mariage avec le comte de Ronschamps ou des curieux rapports amoureux qu’elle entretient avec Robert.


Effrontée, impertinente, méprisante parfois, elle contribue à mettre Amélie et Robert surtout, devant leurs propres contradictions. J’ai voulu faire d’elle une artiste. Elle a du talent pour la peinture et au fil des lignes, elle a pris une dimension que je ne lui avais pas, au départ, imaginé.

Le contexte historique

Je me suis demandé si le roman n’était pas trop sombre. Que de massacres ! Que d’exactions ! Que de complots ! Que de cruauté réelle ou morale ! Mais n’était-ce pas le lot réservé à cette histoire qui ne veut rien édulcorer des réalités des guerres incessantes que se livrent les différentes factions.

Et si ces scènes de violence révoltent le lecteur, il s’agit d’une saine réaction. Il faut cependant avoir à l’esprit que tout ce qui est écrit est plausible et parfois en deçà de la réalité des guerres européennes du dix-neuvième siècle, époque à laquelle j’ai voulu situer l’action.

Pourquoi cette période? Parce qu’elle est la seule susceptible d’allier les rapports féodaux de suzeraineté, d’hommage lige ou simple avec la montée de l’ère industrielle que l’on devine derrière les révoltes des ouvriers, l’importance des mines de charbons ou de fers et la montée des nationalismes comme on le voit dans l’Europe de 1848.


C’est l’époque féerique des cours impériales ou royales, avec ses dames en crinolines et ses bals ou réceptions somptueuses. C’est l’époque des généraux qui sont de véritables chefs de guerre et qui ne savent, comme dans Guerre et Paix, rien faire d’autre. C’est l’époque où le chemin de fer à vapeur, malgré son extrême lenteur dans ce pays très montagneux, raccourcit les distances dans une proportion jamais égalée.

Les mentalités

Ces princesses, Amélie, Coralie, Hortense, ne sont pas préparées à exercer le pouvoir. Ceci n’est pas dû à leur sexe ou à leur manque d’esprit, mais au fait que leur naissance leur confère automatiquement ce pouvoir qu’elles exerceront à la mort de leur père.


En attendant, elles apprennent la musique, le dessin, l’histoire de l’art et les bonnes manières. D’ailleurs, lorsque le jour de leur avènement survient, on les sent démunies et, si on excepte Coralie, elles se lassent vite de la gestion du Duché et délèguent, pour leur malheur, les affaires à des ministres cupides, incompétents ou travaillant pour leur propre compte.
Seule Anne-Sophie de Bratorgue fait exception. Telle la dernière de Médicis, elle a du caractère. Autoritaire, volontaire, elle tente de s’imposer, jusqu’à la folie meurtrière, par la force.

Le triomphe n’est pas toujours là où on l’attend et si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que l’honneur l’emporte sur la vilenie et l’amour sur le mépris de l’autre.

Cette quadrilogie est, avant tout, une grande histoire d’amour entre des êtres que tout oppose et qui se déchirent tout en se respectant. Une grande histoire avec de nombreux rebondissements mais une histoire qui finit bien et par un coup de théâtre que rien ne laissait présager au départ, pas même le scénario que j’avais préparé.

Les quatre romans de la vie d'Amélie. 

Pour en savoir plus :

tome 1 : Marie de Bratorgue

tome 2 : La Comtesse de Retiro

tome 3 : La Duchesse du Léticxia

tome 4 : La Reine de Bratorgue