Polycaste
Polycaste est la plus jeune des filles de Nestor, le roi mythique de la Pylos des Sables. Elle n’apparaît qu’une seule fois dans l’Odyssée lors de la visite de Télémaque à Pylos lorsqu’il vient prendre des nouvelles de son père.
- Le Palais de Nestor
- L’enfance de Polycaste
- Sa rencontre avec Télémaque
- Le mariage de Polycaste
- Les habits et parures de Polycaste
- La tombe de Polycaste
Un personnage mythologique
Polycaste est la plus jeune des filles de Nestor, le roi mythique de la Pylos des Sables. Elle n’apparaît qu’une seule fois dans l’Odyssée lors de la visite de Télémaque à Pylos lorsqu’il vient prendre des nouvelles de son père.
Nestor est le fils de Nélée qui aurait épousé Chloris, la seule rescapée de Niobide, après le massacre perpétré contre les enfants de Niobé par Apollon et Artémis.
Sa femme, Eurydice lui a donné plusieurs fils dont au moins deux participèrent à la guerre de Troie : Antiloque et Thrasymédès, et deux filles Pisidicé et Polycaste.
Le Palais de Nestor
Polycaste a vécu dans le palais de son père jusqu’à son mariage avec Orsiloque, l’un des fils du roi d’Arcadie, Dioclès.
Ce superbe palaisr est situé au sud-ouest du Péloponnèse près de Pylos. Il a été mis au jour vers 1939, par les archéologues américains et fouillés à partir de 1952. Il remonte à l’époque mycénienne et aurait été détruit, comme ceux de Mycènes ou de Thyrinthe, vers 1.200 av. J.-C., par les Doriens, peuplade d’origine grecque qui remplaça les Achéens.
|
Photo Michel Ledeuil: Palais de Nestor salle du trône |
Les éléments remarquables de cette visite, en dehors de la salle du trône sont, les quelques marches des escaliers qui donnaient accès aux appartements privés situés à l’étage et à la tour des gardes, les appartements d’apparat de la reine et surtout la baignoire dont l’état de conservation est stupéfiant. Les fouilles sont toujours en cours. Des découvertes récentes dans les bâtiments périphériques remettent en cause l’existence d’un palais plus ancien. Il semble bien qu’il s’agisse plutôt d’une des nombreuses dépendances du palais principal dans lesquelles logeaient, des membres de la famille ou des serviteurs.
|
L’enfance de Polycaste
Elle avait cinq ans à peine lorsque son père, Nestor et son grand frère Antiloque étaient partis à la guerre. Elle se rappelait les grands vaisseaux qui quittaient le port par le sud de la rade.
Les Dieux , à qui l’ont avait offert le meilleur des cuisses des bœufs que l’on avait abattus en leurs honneurs, avaient bien orienté le vent et la mer était clémente. Entourée de ses autres fils, la Reine Eurydice, faisait bonne figure, mais le soir la petite Polycaste qui dormait dans sa chambre, s’aperçut qu’elle pleurait. Cette scène a marqué, à jamais, la plus jeune des Filles du roi de Messénie. Elle a connu la guerre à travers la souffrance des autres.
La mort d’Antiloque, l’auteur du complot contre Hélène et les Phrygiens, fut accueillie par la reine comme une punition de la déesse Aphrodite. Lorsque Nestor réclama l’envoi de renforts et des autres fils, elle fit tout son possible pour retarder leur départ. Echéphron, Stratios et Perseus le rejoignirent après s’être mariés, mais Pisistrate, trop jeune pour conduire un vaisseau et porter la lance, resta auprès de sa petite sœur.
Elle a vu sa mère s’activer le jour pour gérer ses États et pleurer chaque nuit de la désolation de vieillir toute seule. Ses sœurs, qui étaient ses compagnes de jeu, se sont toutes mariées à de jeunes princes des royaumes voisins . Elle avait de leurs nouvelles lorsqu’il leur venait un enfant, mais c’était tout.
Dans ce palais désert, Polycaste s’ennuyait. Ses instants de bonheur, c’était les jours de lessive car les servantes allaient jusqu’à la mer pour étaler les linges et les draps sur le sable pour leur redonner l’éclat de la blancheur.
Lorsqu’elle eut quatorze ans, on lui offrit un cheval et un char et elle put aller seule, avec deux servantes jusqu’à la Pylos des Sables. Elle espérait. Elle attendait le retour de son père. Mais ses deux frères, jaloux de voir cette gamine mener aussi bien son attelage, firent entendre raison à la Reine.
Polycaste rouspéta et désobéit, signe qu’elle avait, comme toi, du caractère. Elle a été punie et elle fut enfermée dans la tombe à coupole, située non loin du palais. Mais Eurydice, affligée de voir sa fille aussi triste, allait la voir, sous prétexte de rendre hommage à ses ancêtres.
Au fil du temps, Polycaste, malgré son jeune âge, prit la plus grande place, dans ce palais, parmi les femmes. Sa mère recevait dans ses appartements et Polycaste adorait ces instants où les femmes, entre elles, pouvaient parler de leurs aspirations, de la folie des hommes et de leur tyrannie. Polycaste ne se mêlait jamais à la conservation sauf si la Reine, sa mère, le lui permettait. Elle était pausée et s’inquiétait de tout. Elle était douce et devenait jolie.
Puisque ses frères lui interdisaient d’aller jusqu’au rivage, elle partait volontiers avec les servantes qui étaient de corvée d’eau, jusqu’à la fontaine que l’on disait sacrée. Elle rêvait d’Aphrodite et elle en avait honte. Elle mettait sur sa tête, un grand linge pour que la déesse, jalouse, ne la reconnaisse pas. Mais un jour, ce fut celle-ci qui vint la voir, dans sa chambre et lui prédit qu’elle serait aussi belle qu’elle. Une autre fois, Déméter vint la prévenir que le temps de la fécondité était venu et qu’il fallait qu’elle fasse désormais bien attention à elle.
Dans la nuit, lorsqu’elle sentit du sang sortir de son corps, Perséphone en personne vint la baigner et la réconforter.
Ainsi passait le temps. Et puis un jour, des voiles, nombreuses, furent aperçues par les guetteurs situés à Méthoni. Tout le monde se précipita sur la plage et les acclamations fusèrent, de mille gorges.
Ce sont eux, ce sont eux, ce sont eux ! La Reine s’empressa de donner l’ordre d’immoler autant de bœufs que l’on voyait de voiles à l’horizon. Lorsque les barques entrèrent enfin dans cette rade, la population avait déjà honoré les dieux et les prêtres, qui s’étaient fait tancer par la Reine pour n’avoir pas été capable de prédire le retour des guerriers, se rattrapèrent en prophétisant de nombreuses naissances – ce qui était facile à prévoir – et de nombreuses filles, car les Dieux n’avaient plus besoin de Héros. (extrait du roman « Le retour de Polycaste »).
Sa rencontre avec Télémaque
Homère raconte dans l’Odyssée l’arrivée de Télémaque qui vient s’enquérir auprès de Nestor des nouvelles de son père Ulysse alors que les Pyliens sont tous sur la plage pour faire des offrandes à Poséidon.
Nestor invite Télémaque à venir prendre un peu de repos dans son palais. Homère précise alors que la jeune princesse est chargée se s’occuper de la toilette du fils d’Ulysse plongé dans la baignoire située en face des pièces de repos.
|
Photo Michel Ledeuil : Palais de nestor : la salle de bain |
Dans cet extrait du roman « l’Ombre de Polycaste », lors de la visite faite au palais avec Ismène Viscoli, Hector apporte à cette scène, une signification particulière :
- Télémaque n'y a pas perdu son temps. Homère nous raconte que "Télémaque était allé au bain. La jolie Polycaste, la moins âgée des filles de Nestor, après l'avoir baigné et frotté d'huile fine, le vêtit d'une robe et d'une belle écharpe". On ne sait pas bien ce qui s'est passé entre eux mais il ajoute encore "en quittant la baignoire, Télémaque avait l'apparence et l'allure d'un dieu. Il revint prendre siège à côté de Nestor". Donc dans la salle du trône où ils se partagèrent les grosses viandes cuites et burent le vin dans les coupes d'or. Dubitative, Ismène, du bout des lèvres, s’inquiéta.
|
- Et alors ? Elle avait quel âge, Polycaste ? La plus jeune, cela ne veut rien dire.
- Bien sûr, mais croyez-vous que si elle n’avait été jeune et jolie, Nestor l’aurait envoyée faire la conquête du fils d’Ulysse.
- Et pourquoi en faire la conquête ?
- Mystère. Peut-être par pure hospitalité mais je pense qu’il y a des choses qui nous échappent. Nestor lorgne peut-être sur les comptoirs d’Ulysse laissés depuis tant années à l’abandon, peut-être a-t-il déjà profité de cette vacance pour s’emparer des plus proches. Et si Ulysse revenait, il serait bien d’en faire son obligé.
- Et Homère, qu’est-ce qu’il dit là-dessus ?
- Rien. Télémaque s’en va vers Sparte sans n’avoir rien obtenu. On a l’impression qu’Homère, après avoir été aussi précis, ne sait plus comment poursuivre sa narration.
- Alors vous avez pris le relais, affirma Ismène, avec humour.
- Oui, s’esclaffa Hector. Pour revenir à l’âge de Polycaste, elle venait d’avoir dix-sept ans, puisque la scène se déroule douze ans au moins après le début de la guerre de Troie.
Le mariage de Polycaste
Dans le roman « l’Ombre de Polycaste », Hector apporte une réponse plausible à l’interrogation d’Ismène :
- Polycaste était amoureuse, affirma soudainement Hector.
- Ah bon ? Et de qui ? Pas de Télémaque, j’espère. Cela serait trop facile. Et puis, il est trop jeune et trop niais, non ?
- Non, pas de Télémaque, mais d’Orsiloque, l’un des fils du roi d’Arcadie, Dioclès. Il était retenu en otage à la cour de Pylos. C’est une longue histoire. Arymène, le chef de la garde de Pylos, cet homme loyal qui avait protégé Eurydice et la jeune princesse de tout désagrément et de tout complot, avait dû combattre les Arcadiens qui se livraient à d’éternelles rapines et vols de bétail. Au cours d’une échauffourée, il a fait prisonnier Dioclès et ce dernier a dû signer un traité de paix et envoyer, en otage, l’un de ses fils.
- Mais c’était un ennemi ! Polycaste amoureuse d’un ennemi de son père ? Je n’y crois pas.
- Et pourquoi ? Crois-tu que cela pèse beaucoup dans leur cœur d’adolescents ? Ils partageaient le même ennui, leurs désespoirs, leurs craintes, leurs croyances en l’avenir. Ils priaient les mêmes Dieux et devant Aphrodite, près de la fontaine sacrée, ils s’étaient juré leur amour. Seule Clyméné, la fidèle servante, était au courant, mais un jour, Pisistrate les a surpris à se rouler dans l’herbe et a failli tuer Orsiloque, d’un coup de poignard de chasse.
- C’est pour cela que Polycaste a été punie, n’est-ce pas ?
- Je vois que tu suis le récit, rétorqua-t-il en l’embrassant. Oui, c’est cela, pour ne pas en ébruiter la raison et protéger ainsi le jeune homme et la réputation de sa fille, Eurydice a menti.
- Et alors ?
- Alors ? Nestor, dès son retour, fit la paix avec l’Arcadie et Orsiloque put repartir avec un beau char et des cadeaux pour son père.
- Et elle ne l’a jamais revu ?
- Nestor avait d’autres projets pour elle. Sparte n’avait qu’une fille , mais plus au nord, les Élides, qui n’avaient pas participé à la guerre de Troie, avaient une armée nombreuse bien que désordonnée.
- Tu ne réponds pas à ma question. L’a-t-elle revu ?
- Oui, Ismène. Oui, mais après bien des péripéties. A la mort de son père, les fils de Nestor se disputèrent le pouvoir et se fut l’anarchie. Heureusement, Polycaste a pu trouver refuge en Arcadie auprès de Dioclès et elle épousa Orsiloque.
Les habits et parures de Polycaste
Pour savoir comment Polycaste se parait, il suffit de regarder les fresques retrouvées dans les palais de Mycènes et Thyrinthe qui sont contemporains de celui de Nestor.
Elle avait des cheveux longs, des yeux finement maquillés en amandes et des robes vaporeuses. Elle aimait les bijoux : diadèmes, colliers, pendentifs, bracelets, bagues...
La qualité des bijoux retrouvés dans les tombes de l'époque mycénienne atteste le goût du luxe sans ostentation, mais avec la volonté de séduire les courtisans ou les ambassadeurs des autres puissances grecques ou égyptiennes.
|
Photo Michel Ledeuil : Musée archéologique d'Athènes |
Photo Michel Ledeuil : musée archéologique de Mycènes |
La tombe de Polycaste
Polycaste a vécu assez longtemps pour voir les Doriens, peuplades du nord, d’origine grecque, ravager l’Argolide puis l’Arcadie. Elle a appris par Hermione et Oreste la chute de Mycènes.
|
Elle s’est réfugiée à Pylos après la mort d’Orsiloque lors d’un des valeureux combats qu’il mena contre les envahisseurs.
|
Photo Michel Ledeuil : tombe de Nestor à Pylos |
