Argos
Jadis la ville d'Argos était avec Sparte et Athènes la ville la plus réputée pour sa puissance militaire et ses artistes. Argos est aujourd'hui une grande ville surchauffée sans attrait de prime abord. Elle mérite pourtant une courte visite d'une demi-journée.
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Photo Michel Ledeuil : Argos la place du marché et la forteresse de Larissa |
L'histoire de la ville
La période antique.
Le site est habité dès 2.200 av. J.-C. par les premiers grecs, les Pelasges et se développe lors de l'arrivée des Achéens.
Argos devient une grande cité à l’époque mycénienne. Elle est sans doute, au même titre de Thyrinthe, Asini ou Médea, une cité vassale de Mycènes au temps de la guerre de Troie.
Son roi mythique Diomède, surnommé par Homère le dompteur de chevaux, participe activement aux assauts contre les Troyens. Combattant infatigable, il va jusqu’à s’attaquer aux Dieux de l’Olympe favorable aux Troyens.
C’est lui qui blesse à la main la belle déesse Aphrodite lorsque celle-ci s’interpose pour défendre Enée. Diomède est le protégé d’Athéna et le compagnon d’Ulysse.
Lorsque Diomède est de retour à Argos, il devra néanmoins céder son trône à la suite d'une querelle de palais et il part fonder une ville dans la Grande Grèce.
Argos, comme l’ensemble des cités mycéniennes, est en partie détruite lors des invasions des Doriens. Ceux-ci relèvent la ville et en font leur capitale au détriment de Mycènes.
Argos atteint son apogée durant la période qui s’étale de 1.200 av. J.-C. à 700 av. J.-C.. Elle subit ensuite la concurrence de Sparte au sud et de Corinthe au nord.
Pour contrer la puissance de Sparte, elle s’allie à Athènes puis avec Thèbes, mais elle se retrouve sans défense lorsqu’Athènes est vaincue par Sparte durant la guerre du Péloponnèse et que Thèbes est détruite par les Macédoniens.
En 272 av. J.-C., Pyrrhus d’Épire, après son grave échec en Sicile, essaie de prendre la ville d’Argos mais il est tué durant les combats, victime d’une tuile que lui aurait jetée d’un toit, une vieille femme.
L’époque romaine
Argos retrouve une certaine importance durant l’occupation romaine. L’empereur Hadrien embellit la ville et fait rénover son théâtre aux environs de 120 apr. J-C.
La ville est pillée et brûlée lors des invasions barbares en 395 apr. J-C. et est définitivement éclipsée par Nauplie au moyen-âge. L’activité de la ville est très faible et centrée sur l’agriculture et sur la forteresse de Larissa qui passe sous la domination des Byzantins, puis des Francs, puis des Ottomans.
Le renouveau
La ville est à nouveau détruite en 1828 lors des combats entre les partisans grecs et les armées ottomanes.
Elle est rebâtie et redevient une localité importante lorsqu’elle devient le principal nœud ferroviaire du Péloponnèse. Elle est aujourd'hui une ville typiquement méditerranéene, avec ses rues étroites, éternellement encombrées et sa circulation difficile.
Les astuces pour la visite
Il est toujours très difficile de se garer dans le centre d’Argos et c’est encore pire les jours de marché qui est cependant bien pittoresque.
Pour résoudre le problème de stationnement, les Grecs ont mis en place un système de zone bleue avec carte qu’il m'est impossible de vous expliquer mais il interdit, de fait, aux touristes de se garer dans le centre sans risquer une contravention.
Le mieux est d’aller directement vous garer à proximité du site archéologique et de revenir à pied jusque dans le centre-ville que vous rejoignez après une dizaine de minutes de marche dans des rues sans attrait.
Les habitants de la ville sont des gens simples et il est inutile de rechercher un raffinement quelconque si vous vous installez à une terrasse à côté de la place du marché ou si vous voulez faire les magasins.
En bref, si vous venez dans le centre-ville, c’est uniquement pour visiter le musée archéologique.
Les visites*
Le site archéologique*
L’agora, dont les principaux vestiges sont datés du 4e siècle av. J.-C., est située au bord de la route de Tripoli en face du théâtre.
Si vous êtes un accro des vestiges antiques, vous pouvez y accéder gratuitement et déambuler au milieu des maigres vestiges qui sont toujours en cours de fouille. Il faut bien dire que, malgré les explications fournies sur les panneaux, ces ruines sont peu lisibles.
Vous traversez la route et vous pénétrez dans le site archéologique. Ce site était gratuit jusqu'en 2014. La rue dallée vous conduit directement jusqu’au théâtre* en longeant les ruines des Thermes romains.
Photo Michel Ledeuil : l'entrée du site archéologique d'Argos |
Photo Michel Ledeuil : site archéologique d'Argos : vestige de l'agora |
Le théâtre qui pouvait accueillir près de 20.000 personnes est l’un des plus grands théâtres de la Grèce antique.
Il date de la même époque que l’agora, il fut ensuite remanié par les Romains qui préféraient les spectacles nautiques ou naumachies aux tirades des comédiens récitant Sophocle ou Euripide.
Seule la partie creusée dans la roche est encore visible, la partie construite sur le remblai a disparu, soit par éboulement soit parce que les rocs ayant servi au mur de soutènement ou comme gradins ont été récupérés par les habitants pour d’autres usages.
Les cinq premières rangées sont en bon état et la première possède des reposoirs. On voit ainsi où devaient se tenir les personnalités. L’orchestra est d’une dimension équivalente à celui d’Epidaure semble-t-il et les vestiges du proskénion (avant-scène) et du mur de scène donne une bonne image de l’espace.
Photo Jeannine Ledeuil : Argos la cavea du grand théâtre antique |
Photo Michel Ledeuil : Argos la cavea du grand théâtre antique |
En quittant le théâtre, vous pouvez faire un rapide tour jusqu’aux vestiges de l’Odéon. On a du mal à imaginer de nos jours quelle était la structure du bâtiment. Les informations précises fournies sur le panneau avec un dessin du bâtiment vous aident beaucoup pour s’y retrouver.
Les thermes romains*
Ils sont situés à droite de la rue qui amène au théâtre. Ils sont assez bien conservés. Il faut cependant se munir d’un plan pour apprécier la visite et se retrouver dans les caldariums, le frigidarium, la piscine et les autres salles.
Photo Michel Ledeuil : Argos vue générale du théâtre antique |
Photo Michel Ledeuil : Argos les ruines de l'Odéon gréco-romain |
Le musée archéologique**
Il est situé près de la place centrale de l'église haghios Pétros dans un bâtiment moderne à un étage.
Il renferme des objets en céramique et en métal de toutes les phases de la préhistoire et d'un certain nombre de statues ou de mosaïques provenant des fouilles du site archéologique d'Argos. De nombreux objets exposés proviennent des tombes du cimetière de l’époque mycénienne de Deiras et de tombes datant de l’époque dorienne.
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Photo Michel ledeuil : grande urne de l'époque homérique |
La forteresse de Larissa*
C'est au sommet de la colline de Larissa que fût édifiée une acropole fortifiée. Les premières fortifications remontent au cinquième siècle av. J.-C.
L'imposante citadelle que l'on découvre aujourd'hui a été construite par les Byzantins sur les fondations de l’acropole antique, puis fortifiée sous la domination franque et durant l’occupation ottomane.
Le château conserve une belle allure médiévale avec ses tours, ses remparts, le donjon. On remarque les emplacements de l’ancienne acropole et la réutilisation de matériaux plus anciens pour édifier les nouveaux bâtiments.
Photo Michel Ledeuil : forteresse de Larissa la haute cour |
Photo Michel Ledeuil : forteresse de Larissa vue de l'ancienne porte |
La vue** sur Argos, sur le monastère et sur le golfe de Nauplie est extraordinaire et justifie à elle seule la montée jusqu’à la citadelle.
Photo Michel Ledeuil : vue d'Argos et de l'Argolide à partir de Larissa |
Photo Michel Ledeuil : vue du monastère à partir de Larissa |
Les alentours*
La source de Kéfalari*
En quittant Argos en direction de Tripoli, vous rejoignez bientôt le village de Kéfalari, située sur votre droite.
C’est à cet endroit que l’Erasinos, le fleuve le plus court de Grèce, prend sa source au pied du mont Chaon. C’est une source abondante et dont l’importance du débit est très étonnante.
Il n’en fallait pas plus pour en faire une source miraculeuse. Elle l’est d’ailleurs en partie puisqu’elle irrigue toute la plaine et les vergers qui y abondent.
C'est à cet endroit qu'Amymoné, l'une des Danaïdes, qui recherchait une source entre Argos et Lerne pour mettre fin à la sécheresse qui sévissait en Argolide, fut agressée par un satyre puis protégée par Poséidon. C'est ce dieu qui en lançant son trident en direction du satyre, perça le rocher et fit jaillir la source.
C'est également à cet endroit que l'Hydre de Lerne se lovait dans le lac sans fond Alkyonia et la source Amymoné avant qu'elle soit assassinée par Héraclès lors de son deuxième exploit.
L'une des grottes fut consacrée aux dieux Pan et Dionysos puis christianisée. Un vaste et charmant complexe est surmonté d’une église et la grotte est parsemée de gravure liturgique pour que les Grecs puissent se recueillir et rentrer en communion avec la sainte-vierge, les archanges, Saint-Georges et j’en passe.
Vous pourrez prendre au calme un café sur une terrasse où il fait frais avant ou après avoir effectué la courte visite de la grotte.
Photo Michel Ledeuil: La source de Kélafari et l'église |
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Photo Michel Ledeuil : l'entrée de la grotte de la source de l'Erasinos |
Photo Michel Ledeuil : la grotte christianisée de la source de l'Erasinos |
Photo Michel Ledeuil : l'église construite au-dessus la source de l'Erasinos |
La Pyramide inachevée*
Quelques kilomètres plus loin, vous arrivez à proximité de la pyramide inachevée*. Cet étrange édifice reste énigmatique. Il pourrait s’agir d’un tombeau collectif des soldats argiens tués au cours de la victoire d'Argos contre Sparte en 669 av. J.-C.
Construit en calcaire local selon un appareil polygonal, le monument commémoratif aurait ensuite été transformé en fortin. Il est vrai qu’il se dresse sur une position dominante à partir de laquelle et que l’on peut voir, tout le golfe de Nauplie et les routes qui proviennent de Tripoli.
Ce poste de surveillance avancé, situé au sud, à une dizaine de kilomètres d’Argos devait être très précieux pour le renseignement en cas d’attaque des éternels ennemis des Argiens : les Spartiates.
Photo Michel Ledeuil : La Pyramide inachevée vue générale |
Photo Michel Ledeuil : La porte d'entrée de la Pyramide inachevée |
Mili*
Située au carrefour de la route conduisant d’Argos vers Tripoli et celle qui suit la mer jusqu’à Nauplie, la station balnéaire dispose d’une plage de gravier et de quelques tavernes et d’un bar sympathique avec une terrasse suspendue au-dessus de la mer.
Photo Michel Ledeuil : vue de la plaine de Nauplie à partir de la Pyramide |
Photo Michel Ledeuil: la plage de Mili près de Lerne |
Lerne*
Juste à côté de Mili, se situe la maison des tuiles. Il s'agit, pour les archéologues, d'un site archéologique majeur de la Grèce Antique, puisque les fouilles ont mis à jour des constructions qui datent du néolithique, vers 5.000 av. J.-C. soit plus de trois mille ans avant l'arrivée des premiers Grecs, dans le Péloponnèse.
Les soubassements que l'on peut voir actuellement datent du néolithique moyen, c'est à dire de 2.700 à 2.200 av. J.-C. C'est durant cette période que Lerne atteint son apogée et se dota d'une fortification.
Le bâtiment de grande dimension (12 sur 25 mètres) avait un étage et un toit en tuiles. Une grande partie de ces tuiles ont été découvertes dans les sédiments assurant ainsi la bonne datation.
Cette visite intéressera les accros de l'archéologie. Il faut se munir d'un bon plan afin de pouvoir se repérer au milieu des vestiges.
Les trouvailles des fouilles de Lerne sont exposées au musée archéologique d'Argos.
Conclusion
En conclusion, la visite du site archéologique* d'Argos suivie de la visite de la source de Kéfalari* de la Pyramide inachevée puis de celle de Lerne, vous permet de faire une excursion originale que vous compléterez par une pause sur la plage de Mili ou sur la plage de Tolo en revenant vers Nauplie.